mardi, juillet 31, 2007

 

Hécatombe programmée

Quelque part, Bergman et Serrault avaient gardé une chaise vide autour de leur table. Ils devaient le savoir, eux, que ce matin, Antonioni, un autre géant, viendrait les rejoindre.

Le cinéaste avait 94 ans, et une série de films derrière lui qui ont fait notre bonheur, Blow Up, Identification d'une femme, L'avventura, L'éclipse...
Ancien critique, résistant au fascisme, il avait commencé en étant l'assistant de Marcel Carné sur Les visiteurs du soir et le co-scénariste du Retour d'un pilote de Rossellini avant de tourner ses propres films.
Depuis 85, Antonioni était à moitié paralysé, résultat d'une mauvaise attaque cérébrale. 10 ans plus tard, il réalisait tout de même un dernier film, Beyond the clouds, aidé par Wim Wenders.

La mort des maîtres est douloureuse mais laisse également de belles places à prendre.


lundi, juillet 30, 2007

 

Aujourd'hui...

...Deux géants sont morts.

Sans le premier, le cinéma moderne n'aurait probablement pas le même visage. Et dans la toute petite île de Faarö, quelque part près de la mer Baltique, les fougères et les moutons n'ont pas pu étouffer le bruit de sa chute. Il était trop grand.

Ingmar Bergman, celui qui n'hésitait pas à dire «Faire des films est pour moi un instinct, un besoin comme celui de manger, de boire ou d’aimer», est mort ce matin à l'âge de 89 ans. Il est maintenant, définitivement, devenu immortel.

Resteront une quarantaine de chefs d'oeuvre, des Fraises sauvages au Septième sceau, d'Un été avec Monika à Cris et chuchotements, de l'Heure du loup à Persona, de Fanny et Alexandre à Saraband, son dernier; autant de coups d'éclat angoissés et lucides magnifiquement mis en lumière par son fidèle chef opérateur Sven Nyqvist, un autre géant parti, lui, l'année dernière.

Restera aussi une des réflexions les plus essentielles sur la complexité de la nature humaine, débarassée de Dieu.

Restera enfin un souvenir, aussi impalpable que le sont les souvenirs: celui d'un cinéaste plus grand que nature, plus vivant que les vivants.

***

L'autre géant, lui, est parti de Normandie. Il avait 79 ans et avait trainé sa dégaine dans près de 135 films. Oh, bien sûr, certains n'étaient pas tout à fait à la hauteur de son talent. Lui-même appelait ses performances là-dedans des "exercices de style". Mais il y avait aussi Garde à vue, Nelly et Mr Arnaud ou encore Le Dr Petiot et ses interprétations fines, sensibles et attachantes.
Michel Serrault nous manquera.

Sale début de semaine.

jeudi, juillet 26, 2007

 

The Host en DVD

Nous en avions un peu parlé par ici au moment de sa discrète sortie. Mais voilà que le génialissime film de monstres de Bong Joon-ho trouve sa niche en dvd.

Si ça vous tente, ma critique est par là

Les américains l’ont fait mille fois : un monstre surgi d’on ne sait où vient perturber le ronron tranquille d’une société bien souvent aseptisée, forcée par l’entremise de la bestiole d’affronter ses propres démons. La recette est archi-connue. Et voilà bien ce qui étonne dans The Host, nouvel opus du cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 2006. Chacun des plans de son film n’en finit plus de surprendre
....

lundi, juillet 23, 2007

 

Les plusses drôles


Comme à son habitude, The Guardian, qui aime vraiment beaucoup les listes, a dressé la liste des 50 films les plus rigolos à absolument avoir dans sa dvdthèque

1. Life of Brian
Terry Jones, 1979

2. Airplane!
Jim Abrahams, David Zucker, Jerry Zucker, 1980


3. This Is Spinal Tap
,
Rob Reiner, 1984

4 Some Like It Hot
Billy Wilder, 1959

5. Withnail and I
Bruce Robinson, 1986

6. Blazing Saddles
Mel Brooks, 1974
7. The Big Lebowski

Joel Coen, 1998
8. Monty Python and the Holy Grail

Terry Gilliam, Terry Jones, 1975
9. Duck Soup
Leo Mccarey, 1933
10. Young Frankenstein

Mel Brooks, 1974
11. The Producers
Mel Brooks, 1968
12. Shaun of the Dead

Edgar Wright, 2004
13. Groundhog Day
Harold Ramis, 1993
14. Dr Strangelove or: How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb

Stanley Kubrick, 1964
15. Planes, Trains and Automobiles
John Hughes, 1987
16. The Man with Two Brains

Carl Reiner, 1983
17. There's Something About Mary
Peter and Bobby Farrelly, 1998
18. Annie Hall
Woody Allen, 1977
19. Dumb and Dumber

Peter and Bobby Farrelly, 1994
20. Anchorman: the Legend of Ron Burgundy
Adam Mckay, 2004
21. Mr Hulot's Holiday
Jacques Tati, 1953
22. Shrek

Andrew Adamson, Vicky Jenson, 2001
23. Best in Show
Christopher Guest, 2000
24. Kind Hearts and Coronets
Robert Hamer, 1949
25. Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan
Larry Charles, 2006
26. The General
Buster Keaton, Clyde Bruckman, 1927
27. A Fish Called Wanda

Charles Crichton, 1988
28. Way Out West
James W Horne, 1937
29. The Odd Couple
Gene Saks, 1968
30. The Ladykillers
Alexander MacKendrick, 1955
31. The Blues Brothers
John Landis, 1980
32. Arsenic and Old Lace
Frank Capra, 1944
33. Bringing Up Baby
Howard Hawks, 1938
34. A Night at the Opera
Sam Wood, 1935
35. Kingpin
Bobby and Peter Farrelly, 1996
36. The Naked Gun

David Zucker, 1988
37. It's a Mad, Mad, Mad, Mad World
Stanley Kramer, 1963
38. Raising Arizona
Joel Coen, 1987
39. Team America: World Police
Trey Parker, 2004
40. Trading Places
John Landis, 1983
41. American Pie
Paul Weitz, 1999
42. Hot Fuzz
Edgar Wright, 2007
43. Love and Death
Woody Allen, 1975
44. Meet the Fockers
Jay Roach, 2004
45. Sleeper
Woody Allen, 1973
46. South Park: Bigger, Longer and Uncut
Trey Parker, 1999
47. Stir Crazy
Sidney Poitier, 1980
48. The Music Box
James Parrott, 1932
49. Tootsie
Sydney Pollack, 1982
50. Uncle Buck
John Hughes, 1989

On pourrait discuter (American Pie, vraiment?), mais l'essentiel est là: les Coen, les Python, Woody et évidemment Team America...FUCK YEAH!!!

jeudi, juillet 19, 2007

 

Plaisir laqué

Presque 20 ans plus tard, Adam Shankman rejoue la partition dressée par le fabuleusement incorrect John Waters

Bien sûr, Shankman n’est pas Waters (qui se paye, dans les premières minutes d’Hairspray nouvelle mouture, un caméo à la hauteur de sa légende); il n’a ni son style, ni sa folie visuelle. Bien sûr, encore, le professionnalisme de 2007 a remplacé les essais beaucoup plus abrasifs de 1988. Bien sûr, et surtout, John Travolta, en maman dodue de l’héroïne minaudant à satiété, n’est pas Divine, le travesti démesuré, égérie de Waters.

Mais, mais, mais, mais…Mais il serait bête de bouder notre plaisir. Il serait pète-sec de ne pas se laisser aller à vouloir danser et taper des mains devant cette comédie musicale spéciale sixties beaucoup trop sincère pour ne pas être enthousiasmante. Il serait idiot de ne pas fondre pour ce remake d’un remake (Hairspray fut aussi transposé à Broadway dont on garde dans cette version l’ambiance spectaculaire et délirante) approchant le degré zéro du cynisme.

Tracy (Nikki Blonsky, une petite nouvelle) est boulotte. Mais elle danse et chante comme personne. Et malgré les réticences de la chef d’antenne (Pfeiffer, convaincante) dont la fille est promise à un avenir beauté-paillettes-minceur comme maman, la demoiselle se retrouvera bien vite vedette du Corny Collins Show, une boum géante télévisée. Oui, bien sûr, il y aura aussi un garçon mignon comme tout, une maman poule en forme de paquebot et un papa timide mais encourageant (génial Christopher Walken) mais il y aura surtout la découverte pour Tracy d’un autre monde, celui de la black music et des Negro Days, menacés de disparition. Les grosses, les noirs, les pas pareils, même combat.

Waters avait vu juste, et la trame d’Hairspray fonctionne encore aujourd’hui, malheureusement, comme un charme. Pourtant, à part un moment plus solennel brisant pour quelques minutes le bonheur pétillant du tout, pas une goutte d’apitoiement dans ce Hairspray. Pétulante, assumant son premier degré avec une vraie authenticité lui permettant d’enchaîner des blagues les plus futées aux plus pipi-caca et bien sûr de livrer en douce un petit message pas piqué des vers (tous différents, et c’est tant mieux), Hairspray a tout de la comédie musicale décomplexée dont on ressort le sourire aux lèvres. Le monde ne tourne pas rond ? Et si on chantait pour se consoler ? Non, ça ne changera rien. Quoi que…

En passant, le cinéma du Parc organise une rétrospective des films délicieusement incorrects de John Waters du 20 juillet au 2 août. Immanquable.

mardi, juillet 17, 2007

 

Toronto, tiens-toi bien

Aujourd'hui, lors de la conférence de presse du prochain Festival de Toronto, on annonçait la présence de plusieurs films québécois qu'on attend de voir avec impatience.

Bon, on passera plus vite sur L'âge des ténèbres, on sait déjà depuis son passage à Cannes que si le film est mauvais, c'est la faute des critiques.

Mais, mais, mais, on se garde les yeux grands ouverts pour ce qu'on croit déjà être notre haut du panier 2007, c'est-à-dire
Continental, Un Film Sans Fusil de Stéphane Lafleur (beaucoup, beaucoup d'attentes, vu les courts-métrages de monsieur)
Contre Toute Espérance de Bernard Émond (j'ai vu, c'est fort. Très fort même. Et un Jutra à Guylaine Tremblay, un)
et, et, et..... Nos Vies Privées de Denis Coté (vu, et depuis, j'ai appris le bulgare) et Le cèdre penché de Rafaël Ouellet (toujours pas vu, mais définitivement sur ma liste - désolée, raf pour le rajout tardif)

Bravo, joie, bonheur et galipettes.

jeudi, juillet 12, 2007

 

I want an....


Toujours en convalescence, sans vraie possibilité d'aller gambader, je reste coincée chez moi avec beaucoup trop de temps à tuer que j'occupe parfois à rêver à toutes sortes de trucs futiles et inutiles.

Comme...avoir un I-Phone!

Je sais, c'est un gadget, c'est pour la frime, ça n'a aucun rapport avec rien, mais même David Pogue du New York Times le chante et ça m'amuse de chanter avec eux "I want to say, Look now I'm cool"

lundi, juillet 09, 2007

 

Choc

Par le hasard des programmations (enfin, de celle du cinéma du Parc), on découvre parfois des films qu'on aurait du voir depuis longtemps. Des pièces marquantes. Des morceaux de choix sans lesquels l'expérience cinéphile n'est pas tout à fait complète.

Je viens d'en découvrir un. Punishment Park, réalisé par Peter Watkins en 1970, qui prendra l'affiche au Parc à compter de ce vendredi 13 juillet.

Punishment Park, c'est un camp retranché dans le désert de la Californie du Sud. Punishment Park, c'est aussi une alternative offerte à des condamnés politiques. Punishment Park, c'est enfin la barbarie incarnée, la défaite absolue d'un état de droit.

Amérique, 1970. Empêtré dans le conflit au Vietnam, le président décrète l'état d'urgence. Arrestations arbitraires, emprisonnements sans légitimité et procès sans besoin de preuves pullulent. Pour les militants pacifistes, des droits civiques, féministes et objecteurs de conscience, le choix est simple: effectuer leur sentence dans un pénitentier ou passer 3 jours et 2 nuits, sans eau, ni nourriture, dans le désert dans le but de rejoindre un drapeau étoilé planté à quelques 80 kilomètres de là. À moins que la police et l'armée, à leur poursuite, ne les intercepte.

Suivis par une équipe de télévision britannique, les prisonniers du groupe 637 iront marcher ou crever. Pendant ce temps, dans des tentes plantées près du camp, les membres du groupe 638 font face à leur procès.

Présenté à Cannes en 71, décrié par la presse américaine et interdit après 4 jours de diffusion en salles à New York, Punishment Park est une charge aussi intelligente qu'implacable contre les dérives de l'autoritarisme, contre les dangers d'une paranoïa gouvernementale, contre les incohérences profondes d'un système. Se drapant dans leur morale et leur justice, les représentants du tribunal envoient leurs prisonniers, les uns après les autres, à une mort certaine. Invoquant l'ordre et la défense de l'Amérique, ils signent des arrêts de mort avec l'aisance des tyrans.

Alternant les séquences dans le désert et celles des procès, comme si nous suivions le reportage de la télévision, Watkins instille alors par son montage une forme de terreur sourde et traumatisante. Celle qui fait réagir. Celle qui fait réfléchir. Celle qu'Oliver Stone ou Michael Moore essaient déséspérement de provoquer. Mais ni Stone, ni Moore n'ont l'intelligence et la force audacieuse de Watkins. Ni l'un, ni l'autre n'ont le courage d'aller ainsi jusqu'au bout de leurs démonstrations. Ni l'un ni l'autre ne paraîtront dans 20 ans aussi visionnaire que pouvait l'être Watkins.

Injustice sociale, économique et raciale, oppression, corruption, préoccupations environnementales, parodie de justice, force militaire réduite à l'état de force de frappe arrogante, épuisement par la contrainte des contestations, implication des médias: tout était déjà dans Punishment Park. Peut-être aurions-nous du l'écouter plus tôt.

mercredi, juillet 04, 2007

 

LET'S COME TOGETHER!

Évidemment, les puritains grincent des dents comme toujours, mais quand l'Union Européenne se donne ce genre de visage, il n'y a aucune raison de ne pas être enthousiasmé


lundi, juillet 02, 2007

 

Encore un

Une véritable hécatombe, cette année 2007.

On apprenait aujourd'hui le décès du réalisateur de Taïwan, Edward Yang, à l'âge de 59 ans. Beaucoup trop jeune, beaucoup trop tôt.

Depuis 7 ans, le cinéaste souffrait d'un cancer.

Après des études et un début de carrière d'ingénieur informatique, ce fan d'Antonioni et d'Herzog trouva sa voie d'abord en réalisant plusieurs shows télés avant de s'atteler au court Desires puis au film collectif In Our Times, considéré comme la pierre d'angle du renouveau du cinéma taïwanais, en 1982.

Aux côtés de Hou Hsiao-Hsien et de Tsai Ming-Liang avec lesquels il signa le Manifeste de la Nouvelle Vague Taïwanaise, Yang façonna ce nouveau cinéma avec des films comme Taipei Story (Hou Hsiao-Hsien y joue le rôle principal), A Brighter Summer Day ou évidemment Yi Yi, en 2000, chronique familiale épique et ambitieuse, prix de la mise en scène au festival de Cannes.

Je ne sais pas ce qu'il adviendra de The Wind, le prochain projet que supervisait Yang, une animation kung-fu au budget massif co-produite par Jackie Chan (étrange, étrange), mais je sais qu'un cinéaste qui voulaient ses films "comme des lettres, les plus sincères possibles, envoyées à des amis absents" mérite qu'on salue sa mémoire.

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