lundi, juillet 09, 2007
Choc
Par le hasard des programmations (enfin, de celle du cinéma du Parc), on découvre parfois des films qu'on aurait du voir depuis longtemps. Des pièces marquantes. Des morceaux de choix sans lesquels l'expérience cinéphile n'est pas tout à fait complète.
Je viens d'en découvrir un. Punishment Park, réalisé par Peter Watkins en 1970, qui prendra l'affiche au Parc à compter de ce vendredi 13 juillet.
Punishment Park, c'est un camp retranché dans le désert de la Californie du Sud. Punishment Park, c'est aussi une alternative offerte à des condamnés politiques. Punishment Park, c'est enfin la barbarie incarnée, la défaite absolue d'un état de droit.
Amérique, 1970. Empêtré dans le conflit au Vietnam, le président décrète l'état d'urgence. Arrestations arbitraires, emprisonnements sans légitimité et procès sans besoin de preuves pullulent. Pour les militants pacifistes, des droits civiques, féministes et objecteurs de conscience, le choix est simple: effectuer leur sentence dans un pénitentier ou passer 3 jours et 2 nuits, sans eau, ni nourriture, dans le désert dans le but de rejoindre un drapeau étoilé planté à quelques 80 kilomètres de là. À moins que la police et l'armée, à leur poursuite, ne les intercepte.
Suivis par une équipe de télévision britannique, les prisonniers du groupe 637 iront marcher ou crever. Pendant ce temps, dans des tentes plantées près du camp, les membres du groupe 638 font face à leur procès.
Présenté à Cannes en 71, décrié par la presse américaine et interdit après 4 jours de diffusion en salles à New York, Punishment Park est une charge aussi intelligente qu'implacable contre les dérives de l'autoritarisme, contre les dangers d'une paranoïa gouvernementale, contre les incohérences profondes d'un système. Se drapant dans leur morale et leur justice, les représentants du tribunal envoient leurs prisonniers, les uns après les autres, à une mort certaine. Invoquant l'ordre et la défense de l'Amérique, ils signent des arrêts de mort avec l'aisance des tyrans.
Alternant les séquences dans le désert et celles des procès, comme si nous suivions le reportage de la télévision, Watkins instille alors par son montage une forme de terreur sourde et traumatisante. Celle qui fait réagir. Celle qui fait réfléchir. Celle qu'Oliver Stone ou Michael Moore essaient déséspérement de provoquer. Mais ni Stone, ni Moore n'ont l'intelligence et la force audacieuse de Watkins. Ni l'un, ni l'autre n'ont le courage d'aller ainsi jusqu'au bout de leurs démonstrations. Ni l'un ni l'autre ne paraîtront dans 20 ans aussi visionnaire que pouvait l'être Watkins.
Injustice sociale, économique et raciale, oppression, corruption, préoccupations environnementales, parodie de justice, force militaire réduite à l'état de force de frappe arrogante, épuisement par la contrainte des contestations, implication des médias: tout était déjà dans Punishment Park. Peut-être aurions-nous du l'écouter plus tôt.
Je viens d'en découvrir un. Punishment Park, réalisé par Peter Watkins en 1970, qui prendra l'affiche au Parc à compter de ce vendredi 13 juillet.
Punishment Park, c'est un camp retranché dans le désert de la Californie du Sud. Punishment Park, c'est aussi une alternative offerte à des condamnés politiques. Punishment Park, c'est enfin la barbarie incarnée, la défaite absolue d'un état de droit.
Amérique, 1970. Empêtré dans le conflit au Vietnam, le président décrète l'état d'urgence. Arrestations arbitraires, emprisonnements sans légitimité et procès sans besoin de preuves pullulent. Pour les militants pacifistes, des droits civiques, féministes et objecteurs de conscience, le choix est simple: effectuer leur sentence dans un pénitentier ou passer 3 jours et 2 nuits, sans eau, ni nourriture, dans le désert dans le but de rejoindre un drapeau étoilé planté à quelques 80 kilomètres de là. À moins que la police et l'armée, à leur poursuite, ne les intercepte.
Suivis par une équipe de télévision britannique, les prisonniers du groupe 637 iront marcher ou crever. Pendant ce temps, dans des tentes plantées près du camp, les membres du groupe 638 font face à leur procès.
Présenté à Cannes en 71, décrié par la presse américaine et interdit après 4 jours de diffusion en salles à New York, Punishment Park est une charge aussi intelligente qu'implacable contre les dérives de l'autoritarisme, contre les dangers d'une paranoïa gouvernementale, contre les incohérences profondes d'un système. Se drapant dans leur morale et leur justice, les représentants du tribunal envoient leurs prisonniers, les uns après les autres, à une mort certaine. Invoquant l'ordre et la défense de l'Amérique, ils signent des arrêts de mort avec l'aisance des tyrans.
Alternant les séquences dans le désert et celles des procès, comme si nous suivions le reportage de la télévision, Watkins instille alors par son montage une forme de terreur sourde et traumatisante. Celle qui fait réagir. Celle qui fait réfléchir. Celle qu'Oliver Stone ou Michael Moore essaient déséspérement de provoquer. Mais ni Stone, ni Moore n'ont l'intelligence et la force audacieuse de Watkins. Ni l'un, ni l'autre n'ont le courage d'aller ainsi jusqu'au bout de leurs démonstrations. Ni l'un ni l'autre ne paraîtront dans 20 ans aussi visionnaire que pouvait l'être Watkins.
Injustice sociale, économique et raciale, oppression, corruption, préoccupations environnementales, parodie de justice, force militaire réduite à l'état de force de frappe arrogante, épuisement par la contrainte des contestations, implication des médias: tout était déjà dans Punishment Park. Peut-être aurions-nous du l'écouter plus tôt.
Comments:
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En effet, Watkins est un des cinéastes les plus dérangeants de l'histoire du cinéma, un cinéaste maudit ! Ses films ne peuvent être vus qu'au compte-gouttes (heureusement, le DVD arrive en partie à la rescousse - La Commune, War Game et Culloden, Edvard Much et Punishment Park). On attend encore The Gladiators et Privilege... pour voir s'ils ont pris quelques rides depuis les années 60. Un must absolu.
Oh, Watkins...
La ré-édition plus ou moins récente en DVD de Punishment Park (2005 je crois) est une des choses qui a vraiment marqué mon parcours cinéphilique.
D'abord par curiosité aveugle, ensuite par curiosité morbide, le cinéma de Watkins m'a rapidement fasciné et ce film-ci est le bel exemple de la curiosité mordbide qui prends énormément d'ampleur.
Parfois, gratouillé les archives ça a du bon, et nous avons la chance de ne pas avoir oublié Watkins dans ce grand travail d'archive qu'est devenu le DVD.
Beau coup de M. Smith que de diffusé le film au Parc, un visionement sur grand écran doit vraiment marqué.
La ré-édition plus ou moins récente en DVD de Punishment Park (2005 je crois) est une des choses qui a vraiment marqué mon parcours cinéphilique.
D'abord par curiosité aveugle, ensuite par curiosité morbide, le cinéma de Watkins m'a rapidement fasciné et ce film-ci est le bel exemple de la curiosité mordbide qui prends énormément d'ampleur.
Parfois, gratouillé les archives ça a du bon, et nous avons la chance de ne pas avoir oublié Watkins dans ce grand travail d'archive qu'est devenu le DVD.
Beau coup de M. Smith que de diffusé le film au Parc, un visionement sur grand écran doit vraiment marqué.
ça veut donc dire helen, que tu ne te laissait pas influencer par mes petites 'reviews' dvd dans le Ici de ton époque?? =)
16 mai 2005-
Punishment Park de Peter Watkins
Pourquoi? Pour un faux documentaire réaliste de 1971, joué par des non-professionels très justes qui tentent de se défendre dans un procès pas très juste. Pour un parc ‘imaginé’, qui sert d’alternative à l’emprisonnement, et qui rappelle étrangement Guantanamo ou Abou Ghraib. Pour tout ces personnages qui regardent droit dans la caméra.
En plus? De Watkins, une introduction de 28 minutes pour son film et un court métrage de 1961, The Forgotten Faces. Une piste de commentaires. Et des sous-titres en français.
L’occasion? Après avoir regardé un bulletin d’informations sur FoxNews. Après un peu de manipulation à droite, un peu de manipulation à gauche recréera l’équlibre.
Si vous avez aimé: Les montages avec une idée derrière la tête, comme ceux de Michael Moore ou d’Oliver Stone. L’approche documentaire de Bloody Sunday ou de Tigerland. Les yippies de The Weather Underground. Les injustices de In the Name of the Father ou de Les Ordres.
Concluons… Avec la ressortie en salle de Edvard Munch et la parution de certains films de Watkins en dvd, on redécouvre aujourd’hui ce cinéaste anglais. Tout le monde à bord!
16 mai 2005-
Punishment Park de Peter Watkins
Pourquoi? Pour un faux documentaire réaliste de 1971, joué par des non-professionels très justes qui tentent de se défendre dans un procès pas très juste. Pour un parc ‘imaginé’, qui sert d’alternative à l’emprisonnement, et qui rappelle étrangement Guantanamo ou Abou Ghraib. Pour tout ces personnages qui regardent droit dans la caméra.
En plus? De Watkins, une introduction de 28 minutes pour son film et un court métrage de 1961, The Forgotten Faces. Une piste de commentaires. Et des sous-titres en français.
L’occasion? Après avoir regardé un bulletin d’informations sur FoxNews. Après un peu de manipulation à droite, un peu de manipulation à gauche recréera l’équlibre.
Si vous avez aimé: Les montages avec une idée derrière la tête, comme ceux de Michael Moore ou d’Oliver Stone. L’approche documentaire de Bloody Sunday ou de Tigerland. Les yippies de The Weather Underground. Les injustices de In the Name of the Father ou de Les Ordres.
Concluons… Avec la ressortie en salle de Edvard Munch et la parution de certains films de Watkins en dvd, on redécouvre aujourd’hui ce cinéaste anglais. Tout le monde à bord!
Bien sûr que je me rappelais que tu avais fait cette kronik!
Et quand on me l'a mis entre les mains, j'ai justement pensé à toi. Promis, quand je gagne un oscar, je n'oublierai pas de citer toute ton influence sur mon oeuvre :)
Et quand on me l'a mis entre les mains, j'ai justement pensé à toi. Promis, quand je gagne un oscar, je n'oublierai pas de citer toute ton influence sur mon oeuvre :)
Justement, seulement à titre de curiosité, mademoiselle Faradji, faites-vous ou avez-vous cette intention réelle de faire du cinéma un jour ?
J'aimerais bien voir de vos films
J'aimerais bien voir de vos films
Cher M. MartinB
D'abord, merci pour ce "mademoiselle" sorti de votre chapeau, qui a la douce conséquence de me faire sentir aussi jeune et fraîche qu'un cul de bébé.
Ensuite, aucun film n'est à mon actif, sauf un court, fait dans l'urgence chez moi, pour un travail d'université. Quant à l'intention, elle est vague...Mais savoir que j'ai déjà un spectateur potentiel m'aide à l'affirmer :)
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D'abord, merci pour ce "mademoiselle" sorti de votre chapeau, qui a la douce conséquence de me faire sentir aussi jeune et fraîche qu'un cul de bébé.
Ensuite, aucun film n'est à mon actif, sauf un court, fait dans l'urgence chez moi, pour un travail d'université. Quant à l'intention, elle est vague...Mais savoir que j'ai déjà un spectateur potentiel m'aide à l'affirmer :)
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