lundi, février 25, 2008

 

C'est le bonheur

Il n'y a peut-être pas de pays pour le vieil homme, mais il y en a un - et vachement beau - pour les Coen. Que dire? Je suis ravie, ravie, ravie. J'en fais encore des bonds de joie ce matin. Adaptation, acteur de soutien, réalisateurs et film pour No Country et mes nerds préférés: ni trop, ni pas assez. Juste bien.

Pour le reste, la liesse de Marion Cotillard, la surprise de Tilda Swinton, le speech d'ouverture de Stewart, le premier montage-souvenir avec Fellini et Chaplin...mais aussi les trop longues chansons d'Enchanted, un calvaire, les applaudissements polis devant les morts de l'année, et surtout devant la photo de Bergman, le scénario qui ne va pas à Michael Clayton, un show limite ennuyant. Mais les Coen ont gagné. Vous ai-je déjà dit à quel point j'étais contente?

samedi, février 23, 2008

 

YES, DOUBLE YES, TRIPLE YES

Mon ami, le film La graine et le mulet (oui, à ce niveau-là d'amour, je peux dire que ce film est devenu mon ami) a gagné hier soir le César du meilleur film et a valu à Abdellatif Kechiche ceux du meilleur scénario et du meilleur réalisateur et à Hafsia Herzi (cette gouaille, cette danse du ventre!) celui du meilleur espoir féminin.


Vous n'avez pas idée à quel point j'ai hâte que vous puissiez voir cette géante épopée marseillaise où la confection d'un couscous (la graine) au poisson (le mulet) devient, l'air de rien, une ode naturaliste et palpitante à la générosité, l'espoir, le partage et l'humanisme. Grand grand moment du cinéma, garanti sur facture. Vraiment. Sans vouloir insister.

À noter aussi, le césar du meilleur doc à L'avocat de la terreur, là aussi un sommet dans son genre (maintenant disponible en DVD ici)

Tout le palmarès des Césars
Meilleur espoir masculin :
Laurent Stocker, Ensemble c'est tout

Meilleur court métrage :
Philippe Pollet-Villard, Le Mozart des pickpockets

Meilleur premier film :
Persepolis, Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

Meilleure musique :
Arnaud Beaupain, Les Chansons d’Amour

Meilleurs costumes :
Marit Allen, La Môme

Meilleur espoir féminin :
Hafsia Herzi, La Graine et le Mulet

Meilleur son :
Laurent Zeilig, Pascal Villard, Jean-Paul Hurier, La Môme

Meilleurs décors :
Olivier Raoux, La Môme

Meilleur second rôle masculin :
Sami Bouajila, Les Témoins

Meilleur adaptation:
Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, Persépolis

Meilleur film étranger :
La Vie des Autres, Florian Henckel Von Donnersmarck

Meilleur second rôle féminin :
Julie Depardieu, Un secret

Meilleur documentaire :
L’Avocat de la terreur, Barbet Schroeder

Meilleur scénario :
Abdellatif Kechiche, La Graine et le Mulet

Meilleur photo :
Tetsuo Nagata, La Môme

Meilleur montage :
Juliette Welfling, Le Scaphandre et le Papillon

Meilleur réalisateur :
Abdellatif Kechiche, La Graine et le mulet

Meilleur acteur :
Mathieu Amalric, Le Scaphandre et le Papillon

Meilleure actrice :
Marion Cotillard, La Môme

Meilleur film :
La Graine et le Mulet, Abdellatif Kechiche


vendredi, février 22, 2008

 

Quizzz

Pour pratiquer vos dons de devins avant la fameuse soirées des Zoscars, un petit quizz. Qui a raconté cette anecdote, quel est le film et qui lui a passé la note en question? Aucun indice, niveau de difficulté maximum

" One rainy night in Paris in 1970, XXXXXXX was standing outside the Drugstore Saint Germain. It was a quarter to midnight. He was waiting for his -mentor, XXXX, to arrive from the French premiere of the Italian's new film, XXXXX.

At midnight, XXXXX arrived for the rendezvous.


XXXXX, 37 years after the event, recalls exactly what happened next: "He doesn't say anything to me. He just gives me a note and then he leaves. I take the note and there was a Chairman Mao portrait on it and with XXXX's writing that we know from the handwriting on his films. The note says: 'You have to fight against individualism and capitalism.' That was his reaction to my movie. I was so enraged that I crumpled it up and threw it under my feet. I'm so sorry I did that because I would love to have it now, to keep it as a relic."

Sur un autre sujet, on sort ses agendas et on note:

-ce soir, dernière chance de voir Le cèdre penché de Rafaël Ouellet au RVCQ (à moins d'un petit miracle, le film n'a pour l'instant pas de niche en salles)
-toujours ce soir, on sera en TA.... puisque TV5 a refusé cette année de diffuser la soirée des Césars (trop chère, trp confidentielle, etc, etc...). Et comment on fait alors? On sèche, et on verra les résultats platement demain. Par contre, on peut toujours se joindre à mes ondes positives envoyées à Abdel Kechiche pour qu'il gagne la statuette du meilleur film et/ou du meilleur réalisateur pour La graine et le mulet (d'ailleurs, j'avais oublié de vous le dire, mais le film a été acheté pour le Québec par Métropole Films. Bien vu!)
-dimanche, on se fait beau, on met la switch à bitch et on oscarise qui on veut, comme on veut, en direct de notre salon.

Bon week end


vendredi, février 15, 2008

 

Jouer Ponette

Victoire Thivisol avait 4 ans en 1995. Petite bouille qu’on voulait croquer, grands yeux noisettes avides et pleins. Sous le regard de Jacques Doillon, Victoire est devenue Ponette, petit bout de bonne femme amenée à composer avec la mort de sa mère. Dieu qu’on avait pleuré devant Ponette. Dieu qu’on avait loué la performance, le naturel, le charisme de la petite Victoire. La Mostra de Venise aussi avait craqué, lui remettant son prix d’interprétation féminine en 1996.

Avant Ponette, on savait déjà Jacques Doillon particulièrement à l’aise devant l’enfance (Un sac de billes, La drôlesse, La fille prodigue). Mais avec Ponette s’est passé quelque chose d’exceptionnel, presque un miracle. Car peut-on vraiment considérer une fillette de 4 ans comme une actrice? À cet âge-là, n’est-on pas encore à cette frontière floue où le jeu et le réalité ne sont pas si différents, ne croit-on pas encore de toutes ses petites forces aux mondes imaginaires.

Alors comment Doillon a-t-il pu tirer de Victoire ces scènes bouleversantes, qui déchiraient le cœur? C’est à cette intéressante question que se frotte Jouer Ponette, de la documentariste québécoise Jeanne Crépeau.

Sorte de making-of original et décalé, Jouer Ponette donne donc à voir ce drôle de travail entre une actrice et un metteur en scène, entre une petite fille et un adulte. Fondé sur les archives vidéo en noir et blanc du tournage, le film avance précautionneusement sur les traces de cette alchimie si particulière. N’utilisant ni voix-off, ni interview, Jeanne Crépeau colle alors sur ces images quelques commentaires et observations écrites, entre ironie et tendresse pure, par lesquels elle tente de mettre exactement le doigt sur ce que peut bien être la création.
Le procédé est parfois lourd, trop didactique. Mais Jouer Ponette, par son approche sensible et empathique, par sa sincérité aussi (parfois les larmes pointent, comme les impatiences) est un document aussi captivant que généreux.

mercredi, février 13, 2008

 

On est sérieux quand on a 17 ans

Josh a 17 ans. Il vit dans une banlieue laide et anonyme, comme il en existe des milliers. Josh est un outsider mais avec ses 4 amis, il a créé un cocon. Où on peut traîner en fumant du pot et en bavassant de l’effet de la lumière sur les papillons. Où on peut faire du skate ou peindre des cyclopes sur des murs délabrés, juste parce que c’est cool. Où on peut se construire un univers sur lequel personne d’autre n’aura d’emprise. Josh et ses amis n’ont pas vraiment d’avenir, mais ça n’a pas d’importance. Jusqu’à ce matin où Josh découvre le corps sans vie d’un de ses amis, avant que l’on nous balance au visage la mort des 3 autres. Par suicide. Mais ça, Josh le savait déjà.

C’est par cette « découverte » que débute Tout est parfait, premier long d’Yves-Christian Fournier, scénarisé par Guillaume Vigneault. Sujet délicat, s’il en est. Le suicide adolescent : comment la société peut-elle y réagir? Y’a-t-il vraiment quelque chose à faire? Le film choisit l’option intelligente : regarder sans juger, observer sans souligner ce qu’il y a à en penser, scruter par touches impressionnistes sans s’alourdir de discours sociologiques et bien pensants. Non, Tout est parfait dit tout simplement l’impuissance. Ce n’est pas gai. Mais c’est lucide. Et surtout, c’est admirable et courageux.

C’est que Fournier connaît sa sainte trinité de l’adolescence au cinéma (Gus Van Sant-Sofia Coppola-Larry Clark) sur le bout des doigts. Les évidences n’ont pas leur place dans son film, remplacées par de beaux non-dits mis en valeur par des flash-backs fluides, des profondeurs de champ prenantes, des cadrages subtils. L’ambiance est là, la banlieue industrielle comme mouroir, les ados qui marmonnent et habitent l’espace de leurs corps lourds et maladroits (Maxime Dumontier en tête, impressionnant de charisme buté), les parents désemparés qui ne savent que faire de ces suicides en série (Normand D’Amour, en particulier, est bouleversant). La pudeur et la retenue sont là aussi, charriées par l’admirable travail d’écriture de Vigneault. On savait déjà que le garçon pouvait écrire. On découvre qu’il sait aussi écrire pour le cinéma.

Mais si les ombres des 3 grands planent sur Tout est parfait, elles n’empèsent rien. Elles sont là comme de bienveillants fantômes que le film écoute tout en construisant sa propre personnalité, son propre ton. Le paysage, les dialogues, la direction d’acteurs, tout dit un regard personnel et brillant, une vision de ce que peut et doit le cinéma. Alors, rien que pour ça, on fermera les yeux sur les choix musicaux qui déséquilibrent l’harmonie du tout, sur les quelques personnages secondaires inutiles, sur les effets sonores pompeux ou sur ce dernier plan au ralenti de 45 minutes absolument affreux. On oubliera parce que cela faisait longtemps qu’un film québécois ne nous avait pas autant fait confiance et n’avait pas été aussi audacieux.

 

ENFIN!

Dans un article paru ce matin dans The Guardian, on apprenait qu'enfin Steven Spielberg avait annoncé son retrait de l'organisation des prochains Jeux Olympiques de Pékin.

Tonton Spielberg, qui y agissait comme conseiller artistique, a fini par intégrer l'information: l'achat de pétrole par la Chine et le génocide au Darfur ne sont pas sans rapport l'un avec l'autre...
Mieux vaux tard que jamais

"I find that my conscience will not allow me to continue business as usual. At this point, my time and energy must be spent not on Olympic ceremonies but on doing all I can to help bring an end to the unspeakable crimes against humanity that continue to be committed in Darfur."

La Chine n'est évidemment pas contente et a mollement répliqué ceci:

"As the Darfur issue is neither an internal issue of China, nor is it caused by China, it is completely unreasonable, irresponsible and unfair for certain organisations and individuals to link the two as one"

Peut-être aurons-nous nos oscars. Pour les JO, par contre, les paris restent ouverts.





mercredi, février 06, 2008

 

Du cul comme mode de survie

Le cul ou le cœur? Les fesses ou l’âme? On voudrait tant ne pas avoir à choisir. Parfois, pourtant, on ne sait pas. Parce que la folie d’une mère a empêché tout attachement émotionnel. Parce qu’un cul, c’est tellement plus facile à donner. Parce qu’on pense naïvement qu’en se donnant ainsi, on n’aura plus à penser à ce vide béant qui nous fait un trou, là où notre cœur devrait battre.

Marie-Sissi Labrèche a connu cet état d’entre d’eux, cet abandon du corps total quand le cœur ne veut plus. On le sait, car elle l’a raconté dans ses deux premiers romans Borderline et La brèche. En long, en large et en travers. Avait-on besoin du cinéma pour en rajouter une couche?

Probablement, car ce qu’a fait Lyne Charlebois de cette matière première instable et pulsionnelle relève davantage de l’interprétation libre et inspirée que de la transposition complaisante et voyeuriste.

Oui, il y aura des fesses dans Borderline. On y dira aussi des mots crus, de ceux qui choquent encore ceux qui pensent qu'une fille, ça ne devrait pas dire ce genre de mots. Ca fait mauvais genre. Mais ces images et ces mots ne seront pas gratuits. Nous devrons les absorber comme autant d’expressions d’un mal-être profond, comme autant d’appel au secours, comme autant de sonnettes d’alarme. Il fallait de la délicatesse pour aborder le destin de cette Kiki, aux prises avec un directeur de maîtrise trop empressé, une grand-mère trop malade, une mère trop folle, une identité trop ravagée.

Il fallait de la délicatesse et de la force aussi pour ne pas laisser son sujet traîner dans la mare d’un sentimentalisme rose bonbon ou d’une pudibonderie de sous-sol. Charlebois a les deux. Aidée par la photo de Steve Asselin, enfin débarrassé de ses manières artificielles, sa mise en scène évite tous les vilains pièges qu'on aurait pu craindre en se faisant tantôt enjôleuse, tantôt crue, tantôt imaginative et fantaisiste, tantôt d’un naturalisme saisissant.

Quant à Isabelle Blais, interprétant avec conviction cette Kiki bouleversée, elle se défait enfin de ses allures de jeune fille trop sage, trop lisse pour habiter physiquement son rôle, avec une audace, une candeur et une fougue qu’on aime à lui découvrir.

Alors non, Borderline n'est pas un film parfait. Il est naïf parfois. Agaçant aussi. Mais Borderline est aussi, et avant tout, un film qui sait toucher droit au coeur sans n'utiliser aucune de ces vilaines armes tire-larme que nous connaissons. Ce n'est déjà pas si mal.

 

Qui a osé cette comparaison...?

Le premier quizz de l'année. Qui a répondu à la question suivante:

Peut-on envisager Rambo comme un symbole patriotique ?

Uniquement sous un angle tragique. Il croit que, s’il se bat pour son pays, son pays se battra pour lui. Il me fait penser à James Dean qui, dans A l’est d’Eden, dit à son père « je t’aime » et se fait jeter.

C'est très facile, mais tellement gros que je ne résistais pas!

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