jeudi, juillet 19, 2007
Plaisir laqué
Presque 20 ans plus tard, Adam Shankman rejoue la partition dressée par le fabuleusement incorrect John Waters
Bien sûr, Shankman n’est pas Waters (qui se paye, dans les premières minutes d’Hairspray nouvelle mouture, un caméo à la hauteur de sa légende); il n’a ni son style, ni sa folie visuelle. Bien sûr, encore, le professionnalisme de 2007 a remplacé les essais beaucoup plus abrasifs de 1988. Bien sûr, et surtout, John Travolta, en maman dodue de l’héroïne minaudant à satiété, n’est pas Divine, le travesti démesuré, égérie de Waters.
Mais, mais, mais, mais…Mais il serait bête de bouder notre plaisir. Il serait pète-sec de ne pas se laisser aller à vouloir danser et taper des mains devant cette comédie musicale spéciale sixties beaucoup trop sincère pour ne pas être enthousiasmante. Il serait idiot de ne pas fondre pour ce remake d’un remake (Hairspray fut aussi transposé à Broadway dont on garde dans cette version l’ambiance spectaculaire et délirante) approchant le degré zéro du cynisme.
Tracy (Nikki Blonsky, une petite nouvelle) est boulotte. Mais elle danse et chante comme personne. Et malgré les réticences de la chef d’antenne (Pfeiffer, convaincante) dont la fille est promise à un avenir beauté-paillettes-minceur comme maman, la demoiselle se retrouvera bien vite vedette du Corny Collins Show, une boum géante télévisée. Oui, bien sûr, il y aura aussi un garçon mignon comme tout, une maman poule en forme de paquebot et un papa timide mais encourageant (génial Christopher Walken) mais il y aura surtout la découverte pour Tracy d’un autre monde, celui de la black music et des Negro Days, menacés de disparition. Les grosses, les noirs, les pas pareils, même combat.
Waters avait vu juste, et la trame d’Hairspray fonctionne encore aujourd’hui, malheureusement, comme un charme. Pourtant, à part un moment plus solennel brisant pour quelques minutes le bonheur pétillant du tout, pas une goutte d’apitoiement dans ce Hairspray. Pétulante, assumant son premier degré avec une vraie authenticité lui permettant d’enchaîner des blagues les plus futées aux plus pipi-caca et bien sûr de livrer en douce un petit message pas piqué des vers (tous différents, et c’est tant mieux), Hairspray a tout de la comédie musicale décomplexée dont on ressort le sourire aux lèvres. Le monde ne tourne pas rond ? Et si on chantait pour se consoler ? Non, ça ne changera rien. Quoi que…
En passant, le cinéma du Parc organise une rétrospective des films délicieusement incorrects de John Waters du 20 juillet au 2 août. Immanquable.
Bien sûr, Shankman n’est pas Waters (qui se paye, dans les premières minutes d’Hairspray nouvelle mouture, un caméo à la hauteur de sa légende); il n’a ni son style, ni sa folie visuelle. Bien sûr, encore, le professionnalisme de 2007 a remplacé les essais beaucoup plus abrasifs de 1988. Bien sûr, et surtout, John Travolta, en maman dodue de l’héroïne minaudant à satiété, n’est pas Divine, le travesti démesuré, égérie de Waters.
Mais, mais, mais, mais…Mais il serait bête de bouder notre plaisir. Il serait pète-sec de ne pas se laisser aller à vouloir danser et taper des mains devant cette comédie musicale spéciale sixties beaucoup trop sincère pour ne pas être enthousiasmante. Il serait idiot de ne pas fondre pour ce remake d’un remake (Hairspray fut aussi transposé à Broadway dont on garde dans cette version l’ambiance spectaculaire et délirante) approchant le degré zéro du cynisme.
Tracy (Nikki Blonsky, une petite nouvelle) est boulotte. Mais elle danse et chante comme personne. Et malgré les réticences de la chef d’antenne (Pfeiffer, convaincante) dont la fille est promise à un avenir beauté-paillettes-minceur comme maman, la demoiselle se retrouvera bien vite vedette du Corny Collins Show, une boum géante télévisée. Oui, bien sûr, il y aura aussi un garçon mignon comme tout, une maman poule en forme de paquebot et un papa timide mais encourageant (génial Christopher Walken) mais il y aura surtout la découverte pour Tracy d’un autre monde, celui de la black music et des Negro Days, menacés de disparition. Les grosses, les noirs, les pas pareils, même combat.
Waters avait vu juste, et la trame d’Hairspray fonctionne encore aujourd’hui, malheureusement, comme un charme. Pourtant, à part un moment plus solennel brisant pour quelques minutes le bonheur pétillant du tout, pas une goutte d’apitoiement dans ce Hairspray. Pétulante, assumant son premier degré avec une vraie authenticité lui permettant d’enchaîner des blagues les plus futées aux plus pipi-caca et bien sûr de livrer en douce un petit message pas piqué des vers (tous différents, et c’est tant mieux), Hairspray a tout de la comédie musicale décomplexée dont on ressort le sourire aux lèvres. Le monde ne tourne pas rond ? Et si on chantait pour se consoler ? Non, ça ne changera rien. Quoi que…
En passant, le cinéma du Parc organise une rétrospective des films délicieusement incorrects de John Waters du 20 juillet au 2 août. Immanquable.
Comments:
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Ah les plaisirs de revoir l'incorect Waters sur grand écran.
Je me rappelle avoir été introduit a Pink Flamingoes durant mes années de Cegep par un ami qui ne jurait que par le kitch, la musique électro, John Waters et Welcome to the Dollhouse de Todd Solondz.
Le premier contact fût à reculons, vu ma rétiscence adolescente èa l'excès de séxualité douteuse, mais la saveur reste malgré tout le mauvais goût.
Je serais curieux de voir si le Cinéma du Parc va établir la dynamique du 'Scratch & Sniff' associé à Polyester (si ma mémoire est bonne).
À voir et revoir, même si Divine reste essentiellement un personnage plutôt repoussant. D'ailleurs, un chouette petit documentaire sur le personnage de Waters avec une célébration de Divine (Divine Trash) serait à conseillé. Ça ne réinvente pas la roue, mais le matériel est tellement divertissant, pourquoi s'en priver.
Je me rappelle avoir été introduit a Pink Flamingoes durant mes années de Cegep par un ami qui ne jurait que par le kitch, la musique électro, John Waters et Welcome to the Dollhouse de Todd Solondz.
Le premier contact fût à reculons, vu ma rétiscence adolescente èa l'excès de séxualité douteuse, mais la saveur reste malgré tout le mauvais goût.
Je serais curieux de voir si le Cinéma du Parc va établir la dynamique du 'Scratch & Sniff' associé à Polyester (si ma mémoire est bonne).
À voir et revoir, même si Divine reste essentiellement un personnage plutôt repoussant. D'ailleurs, un chouette petit documentaire sur le personnage de Waters avec une célébration de Divine (Divine Trash) serait à conseillé. Ça ne réinvente pas la roue, mais le matériel est tellement divertissant, pourquoi s'en priver.
Aïe aïe, je serai idiot donc car je resterai de glace -que dis-je, de marbre- devant cette comédie musicale comme devant presque toutes les autres. Ce genre m'échappe complètement et ce n'est pas Travolta en grosse madame chantante qui m'illuminera.
Oui, Antoine, je sais, la comédie musicale est vraiment vraiment difficile à vendre. On adore ou on déteste mais presque toujours avec passion.
Moi, c'est vraiment mes plaisirs coupables! Ca, et les films de sport!
Moi, c'est vraiment mes plaisirs coupables! Ca, et les films de sport!
Films de sport? On parle bien de films comme The Invincible, Jerry Maguire et Dodgeball: A True Underdog Story? ;)
Si le genre m'échappe et que j'ai eu le choc de ma vie en apprenant (mais encore plus peut-être en voyant), que non seulement The Rocky Horror Picture Show était vraiment un film mais aussi un «classique», j'ai tout de même apprécié (est-ce que ça compte?) Dancer in the Dark et même - va savoir pourquoi - The Producers.
Si j'ai fini par apprécier des genres de musique que j'abhorrais jadis comme le blues, le western, le folk et le country, j'imagine que ce n'est qu'une question de temps avant que je ne fléchisse devant la comédie musicale...
Si le genre m'échappe et que j'ai eu le choc de ma vie en apprenant (mais encore plus peut-être en voyant), que non seulement The Rocky Horror Picture Show était vraiment un film mais aussi un «classique», j'ai tout de même apprécié (est-ce que ça compte?) Dancer in the Dark et même - va savoir pourquoi - The Producers.
Si j'ai fini par apprécier des genres de musique que j'abhorrais jadis comme le blues, le western, le folk et le country, j'imagine que ce n'est qu'une question de temps avant que je ne fléchisse devant la comédie musicale...
Je suis pas un fan des comédies musicales mais c'est peut-être simplement parce que j'ai pas vu les bons. All That Jazz sur un écran géant extérieur : démentiel. It's showtime folks!
Je crois que la comédie musicale est un genre qui doit être ironique envers lui-même pour avoir une certaine puissance. Ok peut-être pas ironique, mais il doit avoir conscience de son caractère surréel.
Je dois voir West Side Story aussi.
Je crois que la comédie musicale est un genre qui doit être ironique envers lui-même pour avoir une certaine puissance. Ok peut-être pas ironique, mais il doit avoir conscience de son caractère surréel.
Je dois voir West Side Story aussi.
"Oui, Antoine, The invincible... et même Rudy et Friday Night Lights (mais pas Maguire, c'est pas vraiment un film de sport)", dit-elle dans un soupir honteux :)
Effectivement, un détour par les classiques vous réconcilirait peut-être avec le genre. Singin'In The Rain (sur le passage du muet au parlant dans le cinoche + les sublimes jambes de Cyd Charisse), An american in Paris et Gentlemen prefer blondes (sexy, sexy),les Jacques Demy...tous ont ce côté merveilleux assumé dont tu parles, jason.
Désolée, je m'étends, c'était mon sujet de maîtrise!
Mais, je comprends parfaitement qu'un genre puisse a priori rebuter: moi, c'est le western. Jamais réussi à m'y intéresser.
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Effectivement, un détour par les classiques vous réconcilirait peut-être avec le genre. Singin'In The Rain (sur le passage du muet au parlant dans le cinoche + les sublimes jambes de Cyd Charisse), An american in Paris et Gentlemen prefer blondes (sexy, sexy),les Jacques Demy...tous ont ce côté merveilleux assumé dont tu parles, jason.
Désolée, je m'étends, c'était mon sujet de maîtrise!
Mais, je comprends parfaitement qu'un genre puisse a priori rebuter: moi, c'est le western. Jamais réussi à m'y intéresser.
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