jeudi, juillet 31, 2008
À vous de jouer
La graine et le mulet, d'Abdellatif Kechiche, petite merveille d'humanité, de sensibilité, de générosité dont on ne peut parler qu'avec le coeur, parce que c'est exactement là qu'il touche, prend l'affiche ce vendredi.
Faites-jouer vos réseaux, soyez grande gueule, propagez la bonne nouvelle et prouvez une bonne fois pour toutes que c'est le public qui décide.
Le but du jeu: que le film soit encore à l'affiche à mon retour, le 18 août.
Extrait(s) de mon article paru dans le num. 137 de la revue 24 Images
Autant le dire d’emblée : l’on croise rarement des films comme La graine et le mulet dans une vie de cinéphile. Des films sans détour et touchants qui instantanément deviennent chers à notre cœur. Des films précieux, puissants et profonds qui refondent notre rapport au monde en nous le faisant voir sous son plus beau jour.
(...)
Délaissant cette fois la banlieue parisienne pour s’installer dans la petite ville côtière de Sète, La graine et le mulet est en effet plein de cette sève que l’on sentait déjà couler dans les deux films précédents de Kechiche. Ses thèmes – la solitude bousculée par la solidarité, l’utopie collective, les communautés populaires – y sont raffinés, développés, dans une œuvre qui, sans chercher à ne rien affirmer, montre simplement la beauté de vivre ensemble.
(...)
Récompensé à de multiples reprises (prix Louis-Delluc, prix du jury, de la critique internationale et de l’espoir féminin à Venise, César du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario original et du meilleur espoir féminin), La graine et le mulet construit un espace où il fait bon être spectateur, où les émotions se construisent peu à peu, avec pudeur, avant de nous submerger dans un dernier plan bouleversant et magnifique. Entre réalisme et conte sensible, entre quotidienneté et lyrisme, et au-delà du bonheur immédiat qu’il procure, le film parvient également à mettre à mal, mais tout en douceur et en intelligence, les intégrismes et le racisme ordinaire. Le monde qu’il nous donne à regarder, digne et vivant, inspire. Tout simplement un grand film de cinéma.
À ne rater sous aucun prétexte.
lundi, juillet 21, 2008
PETITE (CHAUVE) SOURIS DEVENUE GRANDE
Sans y aller à reculons, je craignais pourtant The Dark Knight. Allais-je encore une fois risquer les jets de pierre? Soulagement. Non, The Dark Knight est une réussite.
Peut-être pas entière, peut-être pas parfaite, mais une réussite. Parce que Nolan a compris l’essentiel : Batman est bien plus qu’un super-héros. C’est un homme.
Évacuant l’idée d’un justicier en collant se sacrifiant pour le bien être de tous, le film nous fait plutôt le coup de la bonne vieille parabole : chaque homme vit intensément en lui-même un combat entre le bien et le mal. Que l’un ou l’autre gagne et c’en sera fini de l’humanité. Le Joker tant attendu n’est ainsi pas qu’un psychopathe comme les autres : il est le devenir de l’homme qui laisse le mal gagner. Il est la fin de la civilisation. Il est le chaos. Et Heath Ledger méritera sa nomination aux oscars, aucun doute là-dessus.
Malgré une mise en scène toujours défaillante dans l’action (que quelqu’un lui paye un stage chez tonton Spielberg ou une boite de calmants), Nolan ne déviera pas une seconde de son intense réflexion sur la nature humaine. De l’utilisation non éthique de gadgets à Two Faces, personnage-symbole de cette passionnante lecture, tout son film en est impregné. Même Batman lui-même devra reconnaître l’existence de ce combat constant, et à armes égales, sous sa jolie tenue de latex. En un mot comme en cent: l’existentialisme va drôlement bien à Gotham City.
Paru dans le ICI du 10 juillet 2008, sous la plume de Pierre Thibeault
"Le numéro du ICI que vous tenez entre vos mains est le dernier auquel aura participé notre collègue Michaël Augendre à titre de chef de pupitre de notre section cinéma. Le voilà qui retourne dans les vieux pays, nous laissant derrière avec notre chagrin et l’impression d’avoir côtoyé un journaliste épatant, une personne extraordinaire. Bonne chance le Français!"
Le même Pierre Tibeault qui fut d'un silence de mort lors du licenciement sans gant blanc de Robert Lévesque...
vendredi, juillet 11, 2008
NO COMMENT
ET UN DE PLUS
D'abord, l'endroit: Nairn, une petite ville brumeuse du nord-est de l'Écosse. Finies les plages à perte de vue et la mer chaude. Bonjour les cailloux et le vent qui souffle. Ça, c'est de l'exotisme.
Ensuite, l'esprit: pas de tapis rouge ni de franfreluches, juste des films, des films, des films: 3 livres l'entrée (ou un plateau de gâteaux faits maison! ce n'est pas une blague) pour tout le monde, et des gros sacs mous en guise de fauteuils. Juste l'essentiel, quoi.
Enfin, les organisateurs: pas de grand manitou aux décisions secrètes et redoutées, mais bien plus simplement Mme Tilda Swinton, que décidément on aime de plus en plus, et dont Nairn est la ville natale. Mais, pas folle, la dame s'est aussi bien entourée et a requis les services d'un certain Joel Coen pour programmer deux de ses soirées. Tout un programme en perspective qui en plus d'accueillir des nouveautés lorgnera aussi du côté de nos chers vieux films (I know where I am going de Powell et Pressburger, Peter Ibbetson d'Henry Hathaway et le 8 1/2 de Fellini, comme film de clôture, sont ainsi déjà annoncés). Combien ça coûte déjà un billet pour Nairn?
À surveiller donc du 15 au 23 août quelque part en Écosse.
mercredi, juillet 09, 2008
LE TEMPS DE LA RÉFLEXION
En soi, c'est une occasion de vraie réjouissance. Et pourtant, quelque chose grince. Quelque chose révélé ce matin dans Variety via The Guardian et qui a vraiment de quoi agacer.
Le quotidien révélait en effet que plusieurs films (dont un sous la houlette du colombien Simon Brand, un autre sous celle du producteur Scott Steindorff et du propriétaire de casino Phil Maloof et une adaptation par Patricia Velasquez des mémoires du mari de l'otage) étaient dors et déjà en préparation pour relater la captivité et la libération de la belle Ingrid et que cette dernière s'était même déjà attelé à l'écriture d'une pièce de théâtre et peut-être même d'un combo livre-film.
Vite, vite, vite, avant que la poussière retombe, avant qu'un autre événement d'envergure ait mobilisé toutes les larmes.
À force de cynisme et de précipitation, qui sait?, peut-être que les films arriveront un jour à être fini avant même que quelque chose arrive. Ca, ce serait de l'entertainment.
dimanche, juillet 06, 2008
Le coup de coeur qui tue
Il fait beau, il fait chaud, c'est l'été, donc le bonheur. Et parce que tout ça, on a envie d'être généreux, de ne parler que de belles choses, de sujets qui ne fâchent pas, de coups de coeur.
Comme les choses sont parfois bien faites en ce bas monde, c'est justement le temps précis du dévoilement du coup de coeur de l'été qui tue: la série Flight of the Conchords. HBO, évidemment,et un DVD, abritent les aventures de Bret et Jemaine, 2 délicieux chanteurs néo-zélandais perdus à New York et qui ringardisent en deux secondes de parodies chantées ultra-catchy la grande majorité des mièvres habitants de la planète humour. À découvrir d'urgence.
Pour pénétrer l'univers le plus drôle et le plus sympathique depuis l'invention des pets-de-nonne , c'est ici.
Rayon cinéma, faut-il vous le répéter? Cet été un seul événement digne de ce nom: La graine et le mulet, merveille d'humanité et d'intelligence signée Abdellatif Kechiche, sortie prévue le 1er août. On s'en reparle.