mercredi, juin 24, 2009
LE PROJET LE PLUS ÉTRANGE DE L'ANNÉE
Une dépêche d'Associated Press annonçait ce matin que le cinéaste chinois Zhang Yimou avait entamé le tournage de son prochain film....le remake du majeur Blood Simple des frères Coen. Le film devrait s'appeller The Stunning Case of the Three Gun Shots et accueillir dans son casting Sun Honglei, Xiao Shenyang et Yan Ni.
Réalisé par les frangins en 1984, alors qu'ils venaient de rencontrer Sam Raimi (amusez-vous à comparer leurs plans en caméra subjective au ras du sol dans Blood Simple et Evil Dead), le film marquait l'entrée des Coen dans le monde du cinéma avec éclat: premier plan-hommage à The Killers de Siodmak, film noir repeint avec de bons gros pinceaux gore, Frances McDormand qui se réinvente en femme fatale du sud, le Texas, la moiteur, l'inspecteur trop gros pour sa voiture, le patrons de bar enterré vivant, les références à Hitchcock... Que de l'excellent qui se suffit amplement à lui-même!
Réalisé par les frangins en 1984, alors qu'ils venaient de rencontrer Sam Raimi (amusez-vous à comparer leurs plans en caméra subjective au ras du sol dans Blood Simple et Evil Dead), le film marquait l'entrée des Coen dans le monde du cinéma avec éclat: premier plan-hommage à The Killers de Siodmak, film noir repeint avec de bons gros pinceaux gore, Frances McDormand qui se réinvente en femme fatale du sud, le Texas, la moiteur, l'inspecteur trop gros pour sa voiture, le patrons de bar enterré vivant, les références à Hitchcock... Que de l'excellent qui se suffit amplement à lui-même!
Comments:
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Héhé, on sent ici le «pas touche» aux Coen qui oriente le billet. Pourquoi présenter Zhang Yimou avec deux de ses blockbusters? On pourrait nommer Red Sorghum, Ju Dou, The Story of Qiu Ju, l'excellent To Live, le lumineux The Road Home, le doux-amer Happy Times et même le sensible Riding Alone tourné entre les rutilants House of the Flying Daggers et Curse. À chaque film il sait faire preuve d'une très grande sensibilité et toujours en gardant un grand sens de l'esthétique. En fait, ce qui est vraiment à tout jamais impardonnable dans sa carrière, c'est qu'il ait laissé tomber sa muse Gong Li. Ça c'est indiscutable.
Et pourquoi ce serait un signe de la crise de l'imagination? Depuis les débuts du cinéma (là je t'apprends rien) qu'on reprend sans cesse des scénarios de films, de romans et de pièces de théâtre. Kurosawa qui s'inspire de la culture américaine pour tourner Yojimbo, que l'Italien Leone replante dans un décor américain dans A Fistful of Dollars. Je crois que c'est surtout le signe que la culture américaine continue d'exercer une grande influence partout dans le monde.
Évidemment, reste à voir ce qu'il en fera et quels sont ses motifs cachés. Si Zhang se met à foutre des ralentis à la Matrix dans son Bloodsimple, ce sera l'horreur. Mais comme il n'y a pas de kung fu là-dedans, j'ai bon espoir.
Et pourquoi ce serait un signe de la crise de l'imagination? Depuis les débuts du cinéma (là je t'apprends rien) qu'on reprend sans cesse des scénarios de films, de romans et de pièces de théâtre. Kurosawa qui s'inspire de la culture américaine pour tourner Yojimbo, que l'Italien Leone replante dans un décor américain dans A Fistful of Dollars. Je crois que c'est surtout le signe que la culture américaine continue d'exercer une grande influence partout dans le monde.
Évidemment, reste à voir ce qu'il en fera et quels sont ses motifs cachés. Si Zhang se met à foutre des ralentis à la Matrix dans son Bloodsimple, ce sera l'horreur. Mais comme il n'y a pas de kung fu là-dedans, j'ai bon espoir.
Oh quoi que...Une séance de kung-fu à la place de la boucherie finale, ça serait drôle!
Mais même si j'avoue, tu as raison, c'est un peu un cas de "pas touche aux Coen", je ne comprends pas le besoin de faire des remakes de façon générale. S'inspirer, faire des clins d'oeil (les Coen d'ailleurs s'en sont jamais privés, et on peut même s'amuser à faire les comparaisons entre Big Lebowski et The Big Sleep de Hawka), réinterpréter, oui! Mais refaire? Les films existent et 99.99% du temps se suffisent à eux-mêmes!
Mais même si j'avoue, tu as raison, c'est un peu un cas de "pas touche aux Coen", je ne comprends pas le besoin de faire des remakes de façon générale. S'inspirer, faire des clins d'oeil (les Coen d'ailleurs s'en sont jamais privés, et on peut même s'amuser à faire les comparaisons entre Big Lebowski et The Big Sleep de Hawka), réinterpréter, oui! Mais refaire? Les films existent et 99.99% du temps se suffisent à eux-mêmes!
Si tu dis ça, c’est que les Américains nous ont habitué aux remakes réalisés pour les mauvaises raisons. Piger dans son catalogue pour voir quel film pourrait faire l’objet d’un remake au goût du jour, c’est amusant pour un studio et peut-être même moins cher que de payer pour un scénario neuf, mais ça donne rarement un bijou. Refaire les films étrangers simplement pour avoir la binette de leurs stars à l’écran dialoguant en bon anglais américain, ça ce sont également de très mauvais motifs. Il demeure que si un créateur s’intéresse à l’œuvre d’un autre et pense pouvoir le refaire avec un autre regard, un autre point de vue, un autre traitement, ça peut donner quelque chose de bien. Je pense par exemple à The Magnificient Seven de Sturges qui est une belle reprise de Les Sept samouraïs de Kurosawa, alors que le récent Seven Swords de Hark Tsui en est une très mauvaise…
Les paroles les plus brillantes que j’aie jamais entendues sur le remake viennent de Renoir : «Un trouvère ou un troubadour arrivait dans un château et il chantait «La Chanson de Roland». Un : chose très importante, le motif général n’avait aucune importance. On chantait 1000 fois, 2000 fois, 10000 fois «La Chanson de Roland», c’était chaque fois original.
Car l’originalité consistait dans la forme et non pas dans le fond, Ça c’est très important d’ailleurs, c’est une erreur de nos jours de donner tant d’importance à l’histoire. Je trouve que nous, Occidentaux, nous avons donné un coup - mais néfaste - à l’art en général, le jour où nous avons inventé l’idée de plagiat. Le plagiat devrait être recommandé, les plagiats devraient être récompensés, décorés, n’est-ce pas?
Tenez, je sais une façon de sauver le cinéma, elle est extrêmement simple.
Ça consisterait à ce que les producteurs d’un pays comme Hollywood, par exemple, ou Paris, décident que telle année on ne fera qu’un sujet. Hollywood déciderait, par exemple, qu’on fait tel Western et tous les metteurs en scène font le même Western. Vous verriez l’originalité, vous verriez les différences de films.
Au lieu de ça, on fait semblant d’avoir des différences par la différence dans l’histoire, mais finalement, humainement, on en revient à une copie parfaite. Les gens racontent une histoire différente, mais avec les mêmes visages, les mêmes maquillages, les mêmes expressions de voix et les mêmes émotions.
Ben c’est ça la monotonie! Vous ne trouvez pas?»
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Les paroles les plus brillantes que j’aie jamais entendues sur le remake viennent de Renoir : «Un trouvère ou un troubadour arrivait dans un château et il chantait «La Chanson de Roland». Un : chose très importante, le motif général n’avait aucune importance. On chantait 1000 fois, 2000 fois, 10000 fois «La Chanson de Roland», c’était chaque fois original.
Car l’originalité consistait dans la forme et non pas dans le fond, Ça c’est très important d’ailleurs, c’est une erreur de nos jours de donner tant d’importance à l’histoire. Je trouve que nous, Occidentaux, nous avons donné un coup - mais néfaste - à l’art en général, le jour où nous avons inventé l’idée de plagiat. Le plagiat devrait être recommandé, les plagiats devraient être récompensés, décorés, n’est-ce pas?
Tenez, je sais une façon de sauver le cinéma, elle est extrêmement simple.
Ça consisterait à ce que les producteurs d’un pays comme Hollywood, par exemple, ou Paris, décident que telle année on ne fera qu’un sujet. Hollywood déciderait, par exemple, qu’on fait tel Western et tous les metteurs en scène font le même Western. Vous verriez l’originalité, vous verriez les différences de films.
Au lieu de ça, on fait semblant d’avoir des différences par la différence dans l’histoire, mais finalement, humainement, on en revient à une copie parfaite. Les gens racontent une histoire différente, mais avec les mêmes visages, les mêmes maquillages, les mêmes expressions de voix et les mêmes émotions.
Ben c’est ça la monotonie! Vous ne trouvez pas?»
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