jeudi, janvier 08, 2009

 

WAKE UP CALL

Il n’aura pas fallu longtemps l’attendre, ce premier choc de l’année… Revolutionary Road en salles dès demain, dans les cinémas dignes de ce nom.

Elle a la blondeur lumineuse des champs de blé. Lui, l’œil coquin des enfants grandis trop vite. Ensemble, ils se sont construits un nid au cœur des années 50. Les deux enfants – une fille, un garçon -, la maison blanche, l’auto et le jardin. Le rêve américain n’aura jamais aussi bien porté son nom. Du Norman Rockwell, mais en vrai.

Et puis, un jour, ils en ont assez. Assez de cette vie bien rangée. Assez d’avoir laissé le temps peser de tout son poids sur leurs rêves enchantés. Assez de regarder leur jeunesse idéaliste leur filer entre les doigts. Alors, ils décident de tout plaquer. De recommencer. Et à Paris encore. L’air y sera plus pur. Le ciel plus bleu.
Mais comme toutes les illusions, celle-ci aussi n’aura qu’un temps.

Sam Mendes avait déjà fait le coup aux hommes dans American Beauty. Mettre le doigt si exactement sur le mal-être que, presque 10 ans après, l’empreinte s'en ressent encore. Avec Revolutionary Road, cette fois, ce sont les femmes qu'il regarde tomber. Les femmes qui se rêvent héroïnes et qui se retrouvent spectatrices. Les femmes qui ne se tiennent plus debout que par la force de l’habitude. Les femmes prises au piège de leur couple, de leurs enfants, d'une vie qu'elles n'ont pas vraiment choisies...

Rien que des vérités, dans ce film-là. Dites crument, sans gants, sans pincettes. Des vérités à la Who's Afraid of Virginia Woolf? À la Little Children aussi. Des vérités qu'on se force à écouter en se disant "c'est pour ton bien".

Et puis, il y a ces dialogues ciselés, mordants de réalités assénées, adaptés du premier roman de Richard Yates. Il y a encore Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, jamais aussi justes, jamais aussi puissants. Il y a aussi ces couleurs délicates, presque délavées concoctées par Roger Deakins (directeur photo des Coen) qui semblent vouloir préserver le film de son récit trop abrupt. Il y a enfin l’Amérique en miroir lucide et son conformisme qui bouffe tout, le constat d’illusions mortes et enterrées, le désenchantement filmé comme on filme une agonie. Parce qu’il y a tout ça, et plus encore, Revolutionary Road est un film inoubliable. De ceux qui bouleversent autant qu’ils réveillent. De ceux qui font du bien en faisant mal.

Comments:
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
 
Je l'ai vu aussi, il m'a boulversé, j'aime beaucoup la façon dont vous en parlez, j'ai fait un article dessus égallement, je serais heureuse que vous le lisiez et que vous me disiez ce que vous en pensez, je débute :) Cordialement
Ludivine, cinéphile
http://lecoindedidi.blogspot.com/
 
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