jeudi, novembre 08, 2007
Les Coen en mode majeur
Les plus pessimistes les disaient finis. Les autres, eux, gardaient ce fol espoir de les voir revenir, malgré Intolerable Cruelty, malgré Ladykillers. La patience est bien mère de toutes les vertus car ils auront eu raison. Devant ce No Country for Old Men, adapté du pulitzerisé Cormac McCarthy et injustement reparti bredouille de Cannes, impossible de le nier : les frères Coen sont bel et bien de retour.
Plantons immédiatement le décor, si essentiel à ce polar dense et mélancolique. Nous sommes en 1982, en plein Texas et au milieu d’une plaine, entre quelques camionnettes gisent les cadavres d’une poignée d’hommes. C’est là que Llewelyn (Josh Brolin), un soudeur du coin, stetson vissé sur la tête et moustache en berne, tombe sur une mallette pleine de 2 millions de dollars. Évidemment, il l’empoche sans savoir qu’il vient de se mettre à dos le tueur psychopathe le plus sadique de l’ouest (Javier Bardem, hallucinant malgré sa coiffure de vieille dame). Le shériff vieillissant (Tommy Lee Jones, parfait) n’a que peu d’illusions sur la suite des choses.
Autant le dire tout de suite, No Country for Old Men est aux amoureux des Coen ce que le chocolat est aux femmes au régime : une récompense. Atteignant une force et une puissance d’évocation rares, les deux frères y raffinent en effet ce qu’ils font encore le mieux : leur mise en scène. Plans systématiquement de la bonne durée, caméra incessamment à la bonne distance et dans le bon angle, détails sonores impeccablement mis en valeur, paysage magnifié par un montage serré, tension palpitante préservée au milieu du désert et du silence, tout est au diapason d’une œuvre de cinéma magistrale, à mettre entre les pattes de tous les aspirants cinéastes.
Mieux encore : No Country for Old Men fait la somme du cinéma qu’ont construit les Coen. Le western de Blood Simple et Big Lebowski, les personnages secondaire folkloriques mais plus vrais que nature de Fargo, les silences sans faux-semblants de Miller’s Crossing, l’Amérique des oubliés et l’existentialisme décalé de The Man Who Wasn’t There et l’humour noir, très noir, bien sûr de tous leurs grands films : tout ici fait tinter nos souvenirs sans jamais pourtant ne produire aucune impression de déjà-vu. Se renouveler mais faire la même chose. Redire sans se répéter : le génie des Coen est en branle, tous aux abris.
Oh, on pourra bien noter une petite baisse de régime dans le dernier quart d’heure. On pourra bien chipoter ci et là. Mais on se priverait alors du plaisir de savourer ce carré de très bon chocolat. On se priverait de découvrir à chaque plan comment deux cinéastes atteignent non seulement l’essence de leur cinéma, mais aussi du cinéma tout court. En ces temps cinématographiquement mornes, ce serait une erreur.
Plantons immédiatement le décor, si essentiel à ce polar dense et mélancolique. Nous sommes en 1982, en plein Texas et au milieu d’une plaine, entre quelques camionnettes gisent les cadavres d’une poignée d’hommes. C’est là que Llewelyn (Josh Brolin), un soudeur du coin, stetson vissé sur la tête et moustache en berne, tombe sur une mallette pleine de 2 millions de dollars. Évidemment, il l’empoche sans savoir qu’il vient de se mettre à dos le tueur psychopathe le plus sadique de l’ouest (Javier Bardem, hallucinant malgré sa coiffure de vieille dame). Le shériff vieillissant (Tommy Lee Jones, parfait) n’a que peu d’illusions sur la suite des choses.
Autant le dire tout de suite, No Country for Old Men est aux amoureux des Coen ce que le chocolat est aux femmes au régime : une récompense. Atteignant une force et une puissance d’évocation rares, les deux frères y raffinent en effet ce qu’ils font encore le mieux : leur mise en scène. Plans systématiquement de la bonne durée, caméra incessamment à la bonne distance et dans le bon angle, détails sonores impeccablement mis en valeur, paysage magnifié par un montage serré, tension palpitante préservée au milieu du désert et du silence, tout est au diapason d’une œuvre de cinéma magistrale, à mettre entre les pattes de tous les aspirants cinéastes.
Mieux encore : No Country for Old Men fait la somme du cinéma qu’ont construit les Coen. Le western de Blood Simple et Big Lebowski, les personnages secondaire folkloriques mais plus vrais que nature de Fargo, les silences sans faux-semblants de Miller’s Crossing, l’Amérique des oubliés et l’existentialisme décalé de The Man Who Wasn’t There et l’humour noir, très noir, bien sûr de tous leurs grands films : tout ici fait tinter nos souvenirs sans jamais pourtant ne produire aucune impression de déjà-vu. Se renouveler mais faire la même chose. Redire sans se répéter : le génie des Coen est en branle, tous aux abris.
Oh, on pourra bien noter une petite baisse de régime dans le dernier quart d’heure. On pourra bien chipoter ci et là. Mais on se priverait alors du plaisir de savourer ce carré de très bon chocolat. On se priverait de découvrir à chaque plan comment deux cinéastes atteignent non seulement l’essence de leur cinéma, mais aussi du cinéma tout court. En ces temps cinématographiquement mornes, ce serait une erreur.
Comments:
<< Home
Je ne pourrais être plus en accord. Le dernier quart d'heure est confus mais l'épilogue clôt parfaitement le film.
«Autant le dire tout de suite, No Country for Old Men est aux amoureux des Coen ce que le chocolat est aux femmes au régime : une récompense.»
Et on était au régime depuis un sacré bout, non?
Pour terminer sur les analogies culinaires, ce qui est rafraîchissant avec ce film me fait penser à ce qu'Hitchcock disait sur son cinéma, à savoir que «some films are slices of life, mine are slices of cake.» Ici, un jouissif gâteau feuilleté au chocolat noir, très noir, alors qu'on nous sert en rafales des jos. louis.
«Autant le dire tout de suite, No Country for Old Men est aux amoureux des Coen ce que le chocolat est aux femmes au régime : une récompense.»
Et on était au régime depuis un sacré bout, non?
Pour terminer sur les analogies culinaires, ce qui est rafraîchissant avec ce film me fait penser à ce qu'Hitchcock disait sur son cinéma, à savoir que «some films are slices of life, mine are slices of cake.» Ici, un jouissif gâteau feuilleté au chocolat noir, très noir, alors qu'on nous sert en rafales des jos. louis.
Je ne comprends pas vos commentaires... "en ces temps cinématographiquement mornes"... "au régime"... Euh, on vient de traverser le FNC, il y avait des dizaines et des dizaines de films excellents, non?
Il y a tellement de films intéressants et de festivals qui se succèdent qu'on n'a même pas le temps de voir tout ce qui est digne d'intérêt en ce moment...
Je ne sais pas pour vous, mais franchement, on est loin de la disette, là, il me semble...
Il y a tellement de films intéressants et de festivals qui se succèdent qu'on n'a même pas le temps de voir tout ce qui est digne d'intérêt en ce moment...
Je ne sais pas pour vous, mais franchement, on est loin de la disette, là, il me semble...
Oui, bien sûr, on a pu faire bombance au FNC,je ne nie pas. Je parlais plus précisément de la situation en salles. Et je veux bien reconnaitre que j'exagère un chouia :)
En fait, je ne sais pas pour vous, mais cette année, même si j'ai vu de très bons films, je n'ai pas eu de vrai vrai coup de coeur. Pas encore...
En fait, je ne sais pas pour vous, mais cette année, même si j'ai vu de très bons films, je n'ai pas eu de vrai vrai coup de coeur. Pas encore...
Nous trouverons bien de quoi dresser un top ten à la fin de l'année.
"Du Levande" d'Andersson en est un.
Publier un commentaire
"Du Levande" d'Andersson en est un.
<< Home