jeudi, septembre 13, 2007
Comme c'est triste, Fengje
Le lieu est beau comme une peinture. Le barrage des Trois gorges, situé en amont de la ville de Fengje en Chine, quelques mois avant son engloutissement final . Beau, justement comme ces peintures gigantesques de Liu Xiaodong qui ont inspiré Jia Zhang-Ke (après lui avoir inspiré son précédent film, le documentaire Dong). Mais triste, aussi. Triste comme peuvent l’être les destructions qu’implique la construction d’un barrage.
San Ming cherche son ex-femme et sa fille. Il ne les a pas vues depuis 16 ans. Shen Hong, elle, cherche son mari disparu depuis 2 ans. Il serait facile de dire que Still Life, lion d’or du festival de Venise 2006 est un film sur la perte. Il l’est, bien sûr, mais il est également tant d’autres choses.
Still Life est également un film d’esthète. Fluide, la mise en scène de Jia Zhang-ke s’y déploie pour magnifier couleurs et textures, tirant de la lumière grise de la moindre pierre, de l’évanescence bleutée du moindre nuage passant dans le ciel, une poésie mélancolique et prenante absolument renversante.
Mais Still Life est encore un film sur l’entre-deux. Situé sur des flancs de montagne, le film, temporellement, se place également à ce drôle de moment entre un libéralisme en train de s’exciter et un communisme en train de s’effondrer. Le passé et le présent se rencontrent dans un lieu où le temps n’existe plus. Car, il ne faut pas se leurrer : Still Life n’est pas un film sur le temps qui passe. Still Life est un film sur le temps qui a passé et qu’on ne retrouvera plus jamais.
Et tranquillement, comme mû par une langueur mélancolique et monotone, Jia Zhang-ke filme les ruines et les oubliés, ceux qui restent entre deux, ceux que le changement laisse sur le bas-côté, ne les galvanisant, ni ne les démoralisant, ceux que l’urbanisation et le galop de l’économie ont laissé à la traîne et qui ont donc le temps de prendre le temps. Comme des morts-vivants, les personnages de Still Life errent au gré d’un abandon où la vie persiste malgré tout à essayer de renaître. Filmant les bouleversements politiques et les décompositions urbaines avec puissance et majesté, le cinéaste use aussi d’une délicatesse gracieuse pour saisir au vol la tristesse fugace de ses personnages. Il y a beaucoup d’angoisse dans Still Life. Mais autant de résignation. Citant Chow Yun Fat, avec une ironie malicieuse, un des personnages résumera parfaitement le film : « la société d’aujourd’hui n’est pas faite pour nous parce que nous sommes trop nostalgiques ». Il faut un moral en acier pour s’attaquer à ce film.
San Ming cherche son ex-femme et sa fille. Il ne les a pas vues depuis 16 ans. Shen Hong, elle, cherche son mari disparu depuis 2 ans. Il serait facile de dire que Still Life, lion d’or du festival de Venise 2006 est un film sur la perte. Il l’est, bien sûr, mais il est également tant d’autres choses.
Still Life est également un film d’esthète. Fluide, la mise en scène de Jia Zhang-ke s’y déploie pour magnifier couleurs et textures, tirant de la lumière grise de la moindre pierre, de l’évanescence bleutée du moindre nuage passant dans le ciel, une poésie mélancolique et prenante absolument renversante.
Mais Still Life est encore un film sur l’entre-deux. Situé sur des flancs de montagne, le film, temporellement, se place également à ce drôle de moment entre un libéralisme en train de s’exciter et un communisme en train de s’effondrer. Le passé et le présent se rencontrent dans un lieu où le temps n’existe plus. Car, il ne faut pas se leurrer : Still Life n’est pas un film sur le temps qui passe. Still Life est un film sur le temps qui a passé et qu’on ne retrouvera plus jamais.
Et tranquillement, comme mû par une langueur mélancolique et monotone, Jia Zhang-ke filme les ruines et les oubliés, ceux qui restent entre deux, ceux que le changement laisse sur le bas-côté, ne les galvanisant, ni ne les démoralisant, ceux que l’urbanisation et le galop de l’économie ont laissé à la traîne et qui ont donc le temps de prendre le temps. Comme des morts-vivants, les personnages de Still Life errent au gré d’un abandon où la vie persiste malgré tout à essayer de renaître. Filmant les bouleversements politiques et les décompositions urbaines avec puissance et majesté, le cinéaste use aussi d’une délicatesse gracieuse pour saisir au vol la tristesse fugace de ses personnages. Il y a beaucoup d’angoisse dans Still Life. Mais autant de résignation. Citant Chow Yun Fat, avec une ironie malicieuse, un des personnages résumera parfaitement le film : « la société d’aujourd’hui n’est pas faite pour nous parce que nous sommes trop nostalgiques ». Il faut un moral en acier pour s’attaquer à ce film.