mercredi, mars 07, 2007
1,2,3, Spartez
Dans 300, le slip en cuir noir revient à la mode. On préférait les jupettes.
Sous un soleil blafard, une poignée d’hommes se préparent au combat sous la direction de leur chef Léonidas (intense Gérard Butler). Moulés dans de seyants petits slips de cuir noir, leurs capes rouges battent le vent. Le poitrail en avant et le jarret frémissant, leurs profils aquilins émanent la fierté. D’un coup, comme le tonnerre, la terre se met à trembler sous leurs pieds, résonnant du poids de leurs adversaires fondant sur eux comme des buses. Les hommes se regardent et dans leurs yeux se lit cette maxime d’une virilité toute antique : la victoire ou la mort. Bienvenue dans 300, revisitation libre et spectaculaire de la bataille des Thermopyles qui opposa les Spartiates et les Perses en 480 avant Jésus-Christ. Bienvenue dans l’univers de Frank Miller qui le premier eut l’idée de transformer cette épopée en graphic novel sanglante avant que Zack Snyder (Dawn of the Dead) ne nous en fasse cette bouillabaisse filmique, où se mêlent liberté, honneur, justice et body-building.
Oh bien sûr, on en trouvera toujours pour ricaner devant l’esthétique néo-Chippendales se dégageant de l’aventure. On en trouvera aussi pour pouffer devant cette exaltation des corps sains et musclés ou devant ce portrait des Perses aussi manichéen que ridicule (dirigés par un roi divin efféminé, les Perses semblent tout droit sortir d’un freak show qu’aurait chorégraphié Jean-Paul Gaultier période décadence & piercings). On en trouvera même pour rire jaune de la morale nietzschéenne, pour ne pas dire eugéniste, de l’ensemble (les faibles doivent périr, seuls les puissants et les sur-hommes survivront).
Mais ce qui agace le plus dans 300 est plutôt d’un autre ordre. De ce même ordre d’ailleurs qui nous avait déjà fait réprimer quelques bâillements devant Sin City, adapté du même Frank Miller par Robert Rodriguez. En réalité, ce qui fait problème ici est bien l’impression d’assister à une bande dessinée mise en mouvement, jamais à un film. Souci. Car si la BD a la charmante élégance de nous laisser nous imaginer comment relier les cases entre elles, la BD en mouvement, elle, nous prive même de ce plaisir, préférant combler ces trous sans jamais se soucier d’apporter ce petit supplément d’âme qui fait les grands films d’aventures.
Résultat, ce 300 apparaît d’une maîtrise technique certes époustouflante (certains plans lorgnent tant du côté de Delacroix que de Jérôme Bosch), d’un graphisme à couper le souffle, mais également d’une froideur impersonnelle profondément dérangeante. Malgré un dernier tiers venant redonner un peu de souffle et d’épaisseur à cette chronique d’une bataille annoncée, l’exercice de style, qui abuse de ralentis grandiloquents, d’angles dramatiques et de clins d’oeils bien trop appuyés à Lord of The Rings, en arrive même à nous faire regretter nos bons vieux péplums d’antan. Il fallait le faire.
Sous un soleil blafard, une poignée d’hommes se préparent au combat sous la direction de leur chef Léonidas (intense Gérard Butler). Moulés dans de seyants petits slips de cuir noir, leurs capes rouges battent le vent. Le poitrail en avant et le jarret frémissant, leurs profils aquilins émanent la fierté. D’un coup, comme le tonnerre, la terre se met à trembler sous leurs pieds, résonnant du poids de leurs adversaires fondant sur eux comme des buses. Les hommes se regardent et dans leurs yeux se lit cette maxime d’une virilité toute antique : la victoire ou la mort. Bienvenue dans 300, revisitation libre et spectaculaire de la bataille des Thermopyles qui opposa les Spartiates et les Perses en 480 avant Jésus-Christ. Bienvenue dans l’univers de Frank Miller qui le premier eut l’idée de transformer cette épopée en graphic novel sanglante avant que Zack Snyder (Dawn of the Dead) ne nous en fasse cette bouillabaisse filmique, où se mêlent liberté, honneur, justice et body-building.
Oh bien sûr, on en trouvera toujours pour ricaner devant l’esthétique néo-Chippendales se dégageant de l’aventure. On en trouvera aussi pour pouffer devant cette exaltation des corps sains et musclés ou devant ce portrait des Perses aussi manichéen que ridicule (dirigés par un roi divin efféminé, les Perses semblent tout droit sortir d’un freak show qu’aurait chorégraphié Jean-Paul Gaultier période décadence & piercings). On en trouvera même pour rire jaune de la morale nietzschéenne, pour ne pas dire eugéniste, de l’ensemble (les faibles doivent périr, seuls les puissants et les sur-hommes survivront).
Mais ce qui agace le plus dans 300 est plutôt d’un autre ordre. De ce même ordre d’ailleurs qui nous avait déjà fait réprimer quelques bâillements devant Sin City, adapté du même Frank Miller par Robert Rodriguez. En réalité, ce qui fait problème ici est bien l’impression d’assister à une bande dessinée mise en mouvement, jamais à un film. Souci. Car si la BD a la charmante élégance de nous laisser nous imaginer comment relier les cases entre elles, la BD en mouvement, elle, nous prive même de ce plaisir, préférant combler ces trous sans jamais se soucier d’apporter ce petit supplément d’âme qui fait les grands films d’aventures.
Résultat, ce 300 apparaît d’une maîtrise technique certes époustouflante (certains plans lorgnent tant du côté de Delacroix que de Jérôme Bosch), d’un graphisme à couper le souffle, mais également d’une froideur impersonnelle profondément dérangeante. Malgré un dernier tiers venant redonner un peu de souffle et d’épaisseur à cette chronique d’une bataille annoncée, l’exercice de style, qui abuse de ralentis grandiloquents, d’angles dramatiques et de clins d’oeils bien trop appuyés à Lord of The Rings, en arrive même à nous faire regretter nos bons vieux péplums d’antan. Il fallait le faire.