mardi, février 06, 2007

 

À tout Coeurs


Comme me le faisait remarquer un de mes plus gentils lecteurs, je ne vous avais même pas entretenu de ce drôle de film qu'est Coeurs récompensé par le lion d’argent de la meilleure réalisation, lors de la 63e Mostra de Venise.

Drôle parce que l'on en ressort charmés, évidemment, par l'élégance d'un metteur en scène de 84 ans, inventant sans cesse de nouvelles façons de faire du cinéma. Le génie formel de Resnais n'est plus à prouver et cette fois, ce sera par l'harmonie simple et délicate d'un fondu à la neige (déjà en germe dans L'amour à mort en 83) que le cinéaste ne cesse de faire pleuvoir sur le 13ème arrondissement parisien qu'il nous attrape dans ses filets minutieux.
Charmés aussi par une bande de comédiens au plaisir palpable, se croisant et se décroisant au rythme de 57 saynètes aigres-douces (les habitués Sabine Azéma, André Dussollier, Pierre Arditi, Lambert Wilson et Claude Rich, mais aussi les petites nouvelles Isabelle Carré et Laura Morante se fondant dans l'univers du maître avec la grâce des débutantes).
Charmés enfin par l'exquise intelligence et la vivacité irrésistible des dialogues tirés de la pièce du britannique Alan Ayckbourn, déjà adapté par Resnais dans Smoking, No Smoking.

Mais drôle de film également parce que Coeurs vous rentre sous la peau pour finalement exercer son véritable destin: celui de film-poison. Doucement, il s'insinue en nous, distillant une mélancolie imparable, une tristesse touchante. Car dans le fond, de quoi nous parle-t-on? De solitude, de rapprochements impossibles, de maladresses, de petites névroses quotidiennes, de ces masques que nous portons tous, pensant qu'ils nous aideront à ne pas nous blesser sur les affreux angles de la vérité. Mais Resnais n'est pas cinéaste à se complaire. L'on rira dans Coeurs. Jaune, peut-être, mais l'on rira. Et puis, petit à petit, on pleurera. La neige prendra alors tout son sens. Oh bien sûr, le film prendra son temps pour mieux venir nous toucher au coeur. Mais n'est-ce pas là le signe des grandes oeuvres de savoir prendre leur temps pour se faire une niche au creux de nos souvenirs?

Comments:
merci à ton gentil lecteur de t'avoir poussé à écrire sur Coeurs, film magistral s'il en est.
 
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