jeudi, juin 08, 2006

 

U-Carmen


La critique de la semaine. Le film est sud-africain, le réalisateur britannique mais la puissante Carmen, elle, n'y gagne pas au change.

Si tu ne m’aimes pas…
L’ours d’or de Berlin 2005, U-Carmen eKhayelitsha, débarque, mais déçoit.

Carmen est un personnage mythique. À la seule évocation de son nom résonnent déjà dans nos têtes le feu de la passion, la liberté fière et incandescente, la jalousie meurtrière et les grandioses vocalises sur l’amour. Car ce ne sont pas moins d’une cinquantaine de films (cinéma, télé, opéra filmé, d’Otto Preminger à Carlos Saura, de Raoul Walsh à Francesco Rosi) adaptés de l’opéra de George Bizet de 1875, lui-même inspiré de la nouvelle de Prosper Mérimée, qui ont déjà modelés nos imaginaires. Qu’apporte alors ce U-Carmen eKhayelitsha, premier long du metteur en scène de théâtre britannique Mark Dornford-May ? Pour être honnête, pas grand-chose.
Certes, on appréciera la traduction de tous les dialogues et chants en Xhosa, cette langue d’Afrique du Sud aux multiples claquements de langue qui donnent rythme et énergie aux mélodies originales. L’on pourra également admirer le dynamisme et la puissance des interprétations vocales de la troupe Dimpho di Kopane (une troupe locale ayant déjà interprété l’opéra au théâtre). Mais passé ce petit renouveau linguistique, l’acclimatation de la sauvage Sévillane aux réalités de Khayelitsha, un petit township à une vingtaine de kilomètres de Cape-Town, semble, elle, beaucoup plus tiède, incapable dès lors de trouver le souffle nécessaire pour porter le drame à son terme.
La faute, probablement, à une mise en scène plutôt pataude, empruntant d’inutiles effets au vidéo-clip et à des images ternes et sans relief rendant bien vite l’ensemble franchement convenu. La faute aussi à cette Carmen, gironde Pauline Malefane, trop douce, trop souriante, manquant sincèrement de cette vitalité carnassière que l’on attend de voir briller au fond des yeux de l’héroïne. La faute enfin au brigadier Jongikhaya (Don Jose), Andile Tshoni, qui ne parvient jamais à entretenir une chimie crédible avec la belle.
S’ennuyer dans un film sur la passion, c’est tout de même un comble.

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