jeudi, mai 04, 2006
Au mérite...
Avec toutes ces histoires et le temps que j’ai désormais entre mes mains, un petit souvenir a réussi à se faufiler dans ma mémoire.
Au mois d’août dernier, pendant le FIFM à qui il faudra tout de même reconnaître de nous avoir donné ça, une rencontre avec Michel Ciment, directeur de publication à Positif, avait lieu. Nous étions peu dans la salle….
Mais peu importe, le grand homme nous raconta son entrée en critique, comme on entre en religion. Il nous parla d’héritage, de passion, d’ouverture, d’humanisme, de liberté, d’échange, bref de tous ces GRANDS mots qui font les GRANDS critiques. Ceux qui nous inspirent, ceux qui nous éclairent, ceux dont l’opinion et la plume nous réveillent.
Michel Ciment eut également cette phrase : « la beauté du cinéma, c’est de pouvoir être vu par un public. Ce n’est pas un art de catacombes pour quelques fidèles ». Je ne saurai être plus d’accord. Mais le cinéma qu’il évoquait ici, j’en suis certaine, c’était bel et bien ces petites perles – trop rares – que sont les Keane, les Moustache, les Petit Lieutenant…Pas Mission Impossible III ou Da Vinci Code (adapté d'un des livres les plus mal écrits du XXème siècle, faut-il le rappeler...) qui se fichent des critiques comme de la guigne.
Les critiques ont un rôle à jouer dans la transmission, c’est évident. Encore faut-il, comme le disait Denis Côté dans son dernier commentaire, que le critique soit crédible. C’est la moindre des politesses.
Michel Ciment, toujours lors de cette conférence, ajoutait que le critique créait également la mémoire. Le critique a en effet ce rôle, si petit soit-il, d’entretenir le discours autour du film, comme on entretient un feu. D’ailleurs, à tous ceux qui déplorent l’existence même des critiques, je répondrai : mais que serait un monde sans critique ? La réponse peut faire peur tant y résonnent les mots promotion, publicité, marketing, tous ces barbarismes qui n’ont rien à voir avec le film comme art.
Mais l’espace critique rétrécit. Il ne faut pas être aveugle sur ce point. Il se ratatine comme beurre au soleil. Et cela m’inquiète. Comme cela inquiète tous ceux qui ont le cinéma à cœur. Etre insignifiant, ne parler qu’à contre-coeur des œuvres exigeantes, s’enthousiasmer pour les dernières bêtises de Sharon Stone : tout cela nuit au cinéma.
Nous avons tous nos responsabilités là-dedans : le public qui décide en se déplaçant ou non du « succès » d’un film ; le critique qui se doit d’être d’une intransigeante rigueur ; le lecteur, enfin, qui doit exiger qu’on ne lui serve pas du brouet. Car il ne faut jamais l’oublier : nous n’avons que le cinéma et les critiques que nous méritons.
En passant, et une bonne fois pour toutes, les frères COEN ne prennent pas de H et Lucas Belvaux s'écrit comme ça. C’est agaçant, à la fin…
Au mois d’août dernier, pendant le FIFM à qui il faudra tout de même reconnaître de nous avoir donné ça, une rencontre avec Michel Ciment, directeur de publication à Positif, avait lieu. Nous étions peu dans la salle….
Mais peu importe, le grand homme nous raconta son entrée en critique, comme on entre en religion. Il nous parla d’héritage, de passion, d’ouverture, d’humanisme, de liberté, d’échange, bref de tous ces GRANDS mots qui font les GRANDS critiques. Ceux qui nous inspirent, ceux qui nous éclairent, ceux dont l’opinion et la plume nous réveillent.
Michel Ciment eut également cette phrase : « la beauté du cinéma, c’est de pouvoir être vu par un public. Ce n’est pas un art de catacombes pour quelques fidèles ». Je ne saurai être plus d’accord. Mais le cinéma qu’il évoquait ici, j’en suis certaine, c’était bel et bien ces petites perles – trop rares – que sont les Keane, les Moustache, les Petit Lieutenant…Pas Mission Impossible III ou Da Vinci Code (adapté d'un des livres les plus mal écrits du XXème siècle, faut-il le rappeler...) qui se fichent des critiques comme de la guigne.
Les critiques ont un rôle à jouer dans la transmission, c’est évident. Encore faut-il, comme le disait Denis Côté dans son dernier commentaire, que le critique soit crédible. C’est la moindre des politesses.
Michel Ciment, toujours lors de cette conférence, ajoutait que le critique créait également la mémoire. Le critique a en effet ce rôle, si petit soit-il, d’entretenir le discours autour du film, comme on entretient un feu. D’ailleurs, à tous ceux qui déplorent l’existence même des critiques, je répondrai : mais que serait un monde sans critique ? La réponse peut faire peur tant y résonnent les mots promotion, publicité, marketing, tous ces barbarismes qui n’ont rien à voir avec le film comme art.
Mais l’espace critique rétrécit. Il ne faut pas être aveugle sur ce point. Il se ratatine comme beurre au soleil. Et cela m’inquiète. Comme cela inquiète tous ceux qui ont le cinéma à cœur. Etre insignifiant, ne parler qu’à contre-coeur des œuvres exigeantes, s’enthousiasmer pour les dernières bêtises de Sharon Stone : tout cela nuit au cinéma.
Nous avons tous nos responsabilités là-dedans : le public qui décide en se déplaçant ou non du « succès » d’un film ; le critique qui se doit d’être d’une intransigeante rigueur ; le lecteur, enfin, qui doit exiger qu’on ne lui serve pas du brouet. Car il ne faut jamais l’oublier : nous n’avons que le cinéma et les critiques que nous méritons.
En passant, et une bonne fois pour toutes, les frères COEN ne prennent pas de H et Lucas Belvaux s'écrit comme ça. C’est agaçant, à la fin…
Comments:
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Je n'étais pas là, mais Éric Perron oui et il en a rapporté quelques propos dans le numéro Hiver 2006 de Cinébulles. À défaut de transcrire l'entretien, j'ai mis un plus petit article sur le web Michel Ciment sur la critique en France qui est assez intéressant.
"Succès populaire ou critique"
Je crois personnellement qu'il existe trois sortes de films.Ceux qui divisent, ceux qui rallient et ceux que l'on enterre.Le dernier jugement appartient au spectateur en dépit de tout.Des critiques, du marketing,et du bouche à oreille.
J'eus aimé connaître les choix de films de "catacombes" de Michel Ciment versus ceux qu'il aurait choisis pour le "public".
Le cinéma est un art populaire pour être vu par le plus grand nombre(avec la musique)contrairement à d'autres formes d'art comme la sculpture ou la peinture, voire même la littérature.
Le cinéma s'adresse d'abord à l'oeil puis au coeur, comme la photographie il me semble.Mais l'un ne va pas sans l'autre.Pas de coeur, pas d'émotion, peu importe la quantité d'images hallucinantes qu'on y met.Si ça ne suscite pas d'émotion chez le spectateur, on a raté notre coup.
Si on a le cinéma et les critiques que nous méritons, on a les politiciens et les politiques que nous méritons? Cela me semble un peu réducteur comme argument.
Mais encore? Qu'est-ce qui construit ou détruit la crédibilité d'un ou d'une critique?
Je n'oublie pas qu'une critique est l'opinion d'un être humain singulièrement différent des cinq autres milliards qui composent notre planète.
Évidemment, il existe des spécialistes expérimentés dans chaque matière pour tracer les voies à suivre.
Je crois qu'un ou une critique de cinéma aussi critique soit-elle, est le reflet personnel de ses antécédents de vie, de goûts et préférences, conscientes ou non.
A vous et moi de choisir quelle personne vous conseille le mieux pour guider vos sorties cinoche.
Le meilleur cinéma n'est-il pas celui qui rallie critique et populaire? Évidemment c'est loin d'être toujours le cas, et si on s'intéresse un tant soit peu au sujet du cinéma, Dieu sait qu'il réserve sa part de perles et de merdes déguisées.Vice et Versa.
YvanL
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Je crois personnellement qu'il existe trois sortes de films.Ceux qui divisent, ceux qui rallient et ceux que l'on enterre.Le dernier jugement appartient au spectateur en dépit de tout.Des critiques, du marketing,et du bouche à oreille.
J'eus aimé connaître les choix de films de "catacombes" de Michel Ciment versus ceux qu'il aurait choisis pour le "public".
Le cinéma est un art populaire pour être vu par le plus grand nombre(avec la musique)contrairement à d'autres formes d'art comme la sculpture ou la peinture, voire même la littérature.
Le cinéma s'adresse d'abord à l'oeil puis au coeur, comme la photographie il me semble.Mais l'un ne va pas sans l'autre.Pas de coeur, pas d'émotion, peu importe la quantité d'images hallucinantes qu'on y met.Si ça ne suscite pas d'émotion chez le spectateur, on a raté notre coup.
Si on a le cinéma et les critiques que nous méritons, on a les politiciens et les politiques que nous méritons? Cela me semble un peu réducteur comme argument.
Mais encore? Qu'est-ce qui construit ou détruit la crédibilité d'un ou d'une critique?
Je n'oublie pas qu'une critique est l'opinion d'un être humain singulièrement différent des cinq autres milliards qui composent notre planète.
Évidemment, il existe des spécialistes expérimentés dans chaque matière pour tracer les voies à suivre.
Je crois qu'un ou une critique de cinéma aussi critique soit-elle, est le reflet personnel de ses antécédents de vie, de goûts et préférences, conscientes ou non.
A vous et moi de choisir quelle personne vous conseille le mieux pour guider vos sorties cinoche.
Le meilleur cinéma n'est-il pas celui qui rallie critique et populaire? Évidemment c'est loin d'être toujours le cas, et si on s'intéresse un tant soit peu au sujet du cinéma, Dieu sait qu'il réserve sa part de perles et de merdes déguisées.Vice et Versa.
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